Le gouvernement nous dit qu'il y aura des baisses d'impôts l'année prochaine. Pour les ménages, c'est une baisse d'impôts en trompe-l'œil. L'impôt sur le revenu va bien diminuer pour 8 millions de contribuables (en-dessous d'un revenu de 2.000 euros par mois pour un célibataire, par exemple). C'est une réduction en moyenne de 250 euros par an. Mais parallèlement, d'autres impôts continuent leur progression. Par exemple la "contribution au service public de l'électricité", qui va être re-profilée. Ou encore les cotisations retraites. Ou encore la taxe foncière pour les propriétaires d'un terrain constructible.
C'est sans compter la prochaine salve d'impôts de fiscalité verte sur les énergies qui dégagent du CO2, qui interviendra à la fin 2015, lors de la loi de finances rectificative. On est donc loin, très loin, de la pause fiscale.
Les entreprises, elles, voient leurs prélèvements baisser. La montée en puissance du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) compense les augmentations du début du quinquennat. Il y a aussi la suppression d'une surtaxe de l'impôt sur les bénéfices.
Le ministre des Finances nous dit aussi que les dépenses publiques vont baisser de façon significative. Là encore, tout dépend de quoi on parle. Si on regarde les crédits des ministères, ils seront très légèrement en baisse. Mais si l'on prend en compte toutes les dépenses de l'État, en intégrant la charge de la dette et le coût des retraites des fonctionnaires, on a une augmentation.
Si l'on considère un périmètre encore plus large, l'ensemble des dépenses publiques, celles de l'État, des collectivités locales et de la Sécu, elles augmenteront de 1,3% l'année prochaine, ce qui n'est pas précisément un régime de rigueur. La France reste une exception en Europe quant à la progression inflexible de la dépense publique. Le symbole de cela, c'est l'augmentation du nombre de fonctionnaires : 8.000 de plus l'année prochaine. C'est tout cela qui explique bien sûr et le niveau record des impôts, et la persistance d'un déficit élevé.
Si l'on s'en tient au seul déficit de l'État, la baisse n'est que de deux milliards, pour un total de dépenses de 370 milliards. C'est donc l'épaisseur du trait. Mais au total avec l'amélioration légère des comptes de la Sécu, nous arriverons, si tout va bien, à un déficit public de 3,3% du PIB l'année prochaine, c'est-à-dire tout près de la norme de Maastricht. Ce serait le meilleur chiffre depuis 2008.
"Si tout va bien", car des risques demeurent. D'abord les risques habituels de dépenses imprévues. Mais aussi celui de la conjoncture, qui pourrait nous faire manquer les objectifs de rentrées d'impôts. Ou encore les risques d'augmentation des taux d'intérêt, qui pourrait renchérir le coût de la dette. Nous allons emprunter près de 190 milliards d'euros l'année prochaine pour financer le déficit et renouveler les titres de dettes qui arrivent à échéance, et qu'on ne va évidemment pas pouvoir rembourser.