Canard, baleine, poisson... Et si les petits jouets en plastique qui barbotent dans le bain de votre enfant étaient en réalité de véritables bombes à bactéries ? Dans une étude parue dans la revue Nature, des chercheurs suisses et américains alertent sur les dangers de ces objets sur la santé. En cause : le mélange explosif entre l'eau sale du bain et le plastique, qui favorise la prolifération de microbes et autres germes.
Pour mener leur étude, l'équipe de scientifiques a analysé la flore microbienne présente dans des petits canards en plastique. Ils ont comparé deux groupes de jouets durant onze jours. Le premier groupe était immergé dans une eau propre, le second dans une eau usagée contenant notamment de la sueur, du savon et des bactéries.
Et leur constat est alarmant : 80% des canards plongés dans l'eau sale présentaient à leur surface des germes potentiellement pathogènes dont des légionelles et des bacilles pyocyanique, une bactérie qui peut causer de sévères infections. Les chercheurs ont également retrouvé entre 5 et 75 millions de cellules sur chaque centimètre carré.
Au cœur du problème, les chercheurs pointent surtout l'eau dissimulée à l'intérieur des jouets en plastique pour le bain, qui gicle lorsqu'on appuie dessus. "Il n'est pas rare que le jet soit de couleur brune", font remarquer les auteurs.
Certes peu ragoûtants, ces chiffres ne reflètent pas systématiquement une menace imminente pour les enfants. "Cela peut leur permettre de renforcer leur système immunitaire", expliquent ainsi les chercheurs dans leur étude. Mais dans certains cas, en particulier si les enfants pressent l'eau contenue dans le jouet sur leur corps, ces bactéries peuvent provoquer des infections gastro-intestinales ainsi qu'une irritation des yeux ou des oreilles.
Pour le professeur Jean-Marc Ghigo, chercheur spécialisé dans la génétique des biofilms à l'institut Pasteur, il faut cependant tempérer les inquiétudes face à ces résultats. La présence de germes potentiellement pathogènes dans ces jouets "ne permet pas de démontrer qu'il s'agit de sources d'infection majeures", affirme-t-il. "S'il y avait eu des cas d'infection, nous en aurions déjà entendu parler". Selon lui, les cas d'infections liées aux légionelles sont rares, et souvent associés aux canalisations et aux systèmes d'aération dans les maisons.
Le Pr. Ghigo recommande de rester vigilant, pour limiter les risques au maximum. Dans leur étude, les chercheurs conseille par exemple de bien vider le jouet après chaque usage ou encore de le plonger dans de l'eau bouillante. Mais leur recommandation principale s'adresse davantage aux autorités : les auteurs demandent un durcissement de la réglementation concernant les matériaux utilisés pour fabriquer les jouets en plastique destinés au bain. Jean-Marc Ghigo soulève également la possibilité pour les fabricants de créer des jouets "que l'on puisse démonter ou ouvrir pour pouvoir les nettoyer".