"La Louve", premier supermarché alternatif français participatif

Avant la fin du mois, à Paris, sera inauguré "La Louve". C'est un supermarché où les clients - ou plutôt les "coopérateurs" vont travailler. Pour pouvoir acheter, il leur faudra donner de son temps : trois heures toutes les quatre semaines. Les adhérents-clients, qui seront aussi les propriétaires du lieu, devront soit décharger les camions, faire les rayons ou bien tenir la caisse. Avec ces énormes économies sur la main d’œuvre, les prix sont 20 à 40% moins élevés. Du coup, la coopérative proposera de produits, bio ou locaux, à moindre prix.

La coopérative va en fait copier une coopérative devenue une institution à New York. Ouverte il y a quarante-trois ans, la "Food Coop" de Brooklyn rencontre un succès phénoménal. Il y a une liste d’attente pour pouvoir devenir un des 16.000 membres et avoir le droit de faire la queue à la caisse. C'est le cas de Bénédicte, une Française rencontrée à Brooklyn dans les rayons du supermarché.

"Le pire c'est le week-end, il faut zigzaguer dans les rayons. Les gens font la queue à la caisse, on peut attendre quarante minutes ou plus", témoigne-t-elle. "En même temps, tout le monde fera la caissière un jour ou l'autre, tout le monde est partie prenante du truc. Ce qui est plus sympa par rapport à un supermarché classique, c'est que tout le monde est dans le même bateau", poursuit-elle.

Mixité sociale

La coopérative de Paris est bien partie pour remporter le même succès. "La Louve" n'ouvrira que fin octobre, si les locaux sont homologués à temps. Mais il y a déjà dans les starting-blocks 2.300 "coopérateurs", pas forcément habitants du XVIIIème arrondissement. Les responsables de la coopérative ont même demandé de ne pas parler de l'inauguration de la "Louve" sur RTL, de peur d'être submergés de nouvelles demandes. Si nous avons désobéi, c’est parce que ce succès annoncé dépasse le XVIIIème arrondissement. Un autre projet existe à Nantes (Scopéli) pour 2017. Ce modèle correspond à une demande forte de l’ensemble des Français de consommer autrement, pour d’échapper au système de distribution traditionnel.

Pour faire entrer un produit, les coopérateurs devront voter en assemblée générale. À New York, Coca Cola a ainsi été exclu des rayons après un vote. Séduit par ce modèle, qui est une forme de démocratie participative du consommateur, la mairie du XVIIIème a même aidé à trouver les 1.500 mètres carrés de locaux. Le maire explique que cette coopérative correspond certes à une demande de bobos, évidemment, mais pas seulement : cela permettra à des foyers modestes, dit Éric Lejoindre, "d'acquérir de bons produits, bon marché, et aussi de faire vivre la mixité sociale". À "La Louve" effectivement, un cadre, un infirmier ou un plombier feront ensemble leurs trois heures de rangement de rayon ou de découpe de fromage.