1993 est un excellent cru pour le cinéma français. Le film Les Visiteurs sort sur les écrans. Avec près de 13,8 millions de spectateurs, c’est l’un des cinq plus grands succès de l’Hexagone. C’est aussi un gros coup pour Renault. Dans le long métrage, les voitures de la marque terminent en très mauvais état : de la voiture du postier, une Renault 4L jaune défoncée à grands coups d’épée et de gourdin, à la voiture des descendants de Godefroy "le Hardi", une Renault Safrane dont le toit explose. Les scènes sont cultes, vues et revues par des millions de gens ; et les véhicules, très remarqués.
"C'est un véhicule qui transporte les personnages, mais qui en plus participe à l'effet comique. Le spectateur est doublement obligé de remarquer la voiture", explique Olivier Boutillier, fondateur de l’agence Marques & Films. Pour la Renault Safrane, c’est un gros coup marketing.
"Le succès du film équivaut à une campagne de publicité internationale. On remplace la campagne par un placement de produit. Cela a permis à la Renault Safrane d’être visible partout dans le monde", note Claude Hugot, directeur des relations publiques chez Renault-Nissan.
"La Safrane est un haut de gamme de Renault qui se vendait moyennement. Quand on est sur un placement de produit fort, puissant et marquant d'un film qui cartonne, cela se retrouve inévitablement en terme de ventes mais aussi d'affection du spectateur", poursuit Olivier Boutillier.
Un an après, l’histoire d’amour entre Safrane et cinéma se poursuit. En 1994, les Nuls sont à l’affiche de La cité de la peur. La marque Renault fait encore partie des scènes cultes. Dans la voiture qui transporte les personnages principaux, on cache un mort, on manque de vomir, et surtout, une publicité détournée met directement en valeur la Safrane.
Tout est bon pour se rapprocher du cinéma : partenariats avec les grands festivals (Cannes, Deauville, Mostra de Venise...), voitures prêtées aux comédiens. Cette histoire, Renault a en fait toujours cherché à la tisser. La marque et le cinéma sont liés dès leurs débuts. Aujourd'hui encore, Renault place ses voitures dans une quarantaine de films par an.
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