Alors que la situation budgétaire de la France est très sérieuse, un exercice redoutable se profile pour le gouvernement : faire des coupes dans les dépenses publiques. Un exercice d’autant plus difficile qu’il n’a jamais eu lieu depuis la première élection d’Emmanuel Macron, en 2017.
Voilà sept ans que l’exécutif vit avec des circonstances exceptionnelles, qui lui ont permis de dépenser sans retenue. D’abord avec la baisse des taux d’intérêt, qui a allégé la charge de la dette. Puis avec l’aide considérable qu’a apportée la Banque centrale européenne, pendant le Covid, en achetant nos emprunts. Et, enfin, avec la reprise économique du siècle, après les confinements, qui a fait rentrer massivement les impôts dans les caisses de l’État. Tout cela est fini, il faut maintenant réduire les dépenses pour réduire l’un des déficits les plus élevés de l’Union européenne. Et ça ne sera pas une partie de plaisir.
Car la France est un pays où la dépense publique a atteint un tel niveau, et en particulier sous la présidence Macron, que cela a complètement déformé l’économie de notre pays et la psychologie des Français. Revenir là-dessus sera donc difficile.
L’exemple des allocations logement est particulièrement illustratif. Il s’agit de subventions versées par l’état à plus de 5 millions de ménages à faibles revenus, afin de payer leur loyer, HLM ou privé. L’allocation moyenne est de l’ordre de 200 euros par mois par ménage, et le budget total est supérieur à quinze milliards d’euros par an.
Il y a quelques jours, des informations de presse ont fait état d’un projet de réduction des allocations logement, qui a été immédiatement démenti par le ministre du Budget, Thomas Cazenave. Parce que le sujet est hyper sensible, bien que la réforme soit nécessaire.
En réalité, cette aide a un effet pervers qui a été pointé par l’INSEE dès 2014, dans une étude : indirectement, elle provoque la hausse des loyers. Parce que les propriétaires savent bien que leurs locataires profitent d’une aide gouvernementale, ils en profitent pour augmenter le prix qu’ils leur demandent. "L’augmentation des aides pour le secteur locatif privé aurait principalement entraîné une hausse du prix des loyers", explique l'Insee. Le marché locatif s’est réorganisé autour des aides.
C’est particulièrement vrai des logements étudiants (13 % des bénéficiaires de l’aide au logement sont des étudiants, boursiers ou non, et l’aide est indépendante des revenus des parents).
Mais supprimer ces aides du jour au lendemain est impensable, car les loyers ne baisseraient pas pour autant.
Le problème est exactement le même avec les taxis, qui vivent du transport des malades payés par la sécu (plus de six milliards d'euros par an). Tous les médecins hospitaliers le disent, il y a des abus considérables, certains patients profitant de cette facilité sans retenue, alors qu’ils n’en ont pas besoin. Abus contre lesquels la sécu veut aujourd’hui lutter. Ce qui rend furieux les taxis. Car le marché des taxis, en province, s’est lui aussi organisé autour des remboursements de la sécu. Le constat est le même pour les constructeurs auto, dont les voitures sont subventionnées par des bonus.
Autant dire que si l’on veut couper dans les dépenses publiques, il va falloir prendre de front tout un pays qui vit de la redistribution. Le gouvernement en aura-t-il le courage ?
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte