Le vendredi 20 mars prochain, toute l'Europe sera plongée dans l'obscurité en pleine journée à cause de l'une des plus grandes éclipses solaires du siècle. À cause de ce phénomène, les réseaux électriques pourraient connaître une gigantesque panne de courant.
Cette éclipse, qui interviendra dans la matinée, sera très importante. En France, par exemple, elle atteindra jusqu'à 92% de la surface du soleil à son maximum, ce qui veut dire une obscurité quasi-totale en plein jour. Or, l'énergie solaire fournit désormais plus de 10% de l'électricité du continent, grâce aux innombrables panneaux photovoltaïques qui ont été installés dans les dernières années.
Tout cela va s'interrompre brutalement, à cause de l'éclipse. Cela pourrait provoquer un gigantesque black-out, à cause des tensions sur le réseau de production classique - les centrales à charbon, à gaz et les centrales nucléaires -, qui va être sur-sollicité. C'est ce que redoutent les gestionnaires des réseaux européens, qui ont publié un communiqué il y a quelques jours.
Le soleil va disparaître à l'heure où les bureaux et les usines se mettent en route, entre 8 heures et 11 heures, c'est-à-dire au moment où la consommation d'électricité monte en puissance. Cette éclipse sera visible de la Turquie au Groenland, en passant bien sûr par la France, où elle commencera à 8h20 et se terminera à 10h38.
Tous les soirs, le soleil se couche. Et cela ne pose pas de problèmes. La différence, c'est que le crépuscule intervient progressivement. Cela donne le temps de basculer en douceur sur d'autres sources de production. Avec une éclipse, c'est très brutal. En l'espace de quelques minutes, il faudra trouver une dizaine de gigawatts de substitution.
On dira qu'on a déjà connu des éclipses sans perturbation de ce genre. Et bien non ! La dernière éclipse comparable, c'était en 1999. À l'époque, la production d'électricité d'origine solaire ne comptait que pour 0,5% du total, contre 10,5% aujourd'hui. C'est donc une première.
La part du solaire en France est bien inférieure à la moyenne européenne. Cela ne compte que pour 5 à 6% seulement de notre production, qui est dominée par le nucléaire. En Allemagne ou en Italie, on est à 15%.
Nous devrions donc être moins exposés à la panne. Ce n'est pourtant pas le cas, à cause de l'interconnexion des réseaux européens qui répercute en tous points la tension sur la production. Lorsqu'une vulnérabilité se produit dans un pays, elle peut provoquer des coupures dans un autre.
Pour limiter les risques, il faut s'assurer que des capacités de production alternatives sont en marche et disponibles. Les gestionnaires de réseaux européens vont s'y employer. Ils nous disent qu'ils seront en téléconférence pendant toute la durée de l'éclipse, pour intervenir si nécessaire. La seule chose - on espère qu'ils y ont pensé -, c'est que la téléconférence, ça marche à l'électricité. S'il y a panne, il va falloir mettre des dynamos à pédales.
Plus sérieusement, cet événement va être une sorte de test de résistance pour notre réseau électrique continental, désormais alimenté par d'innombrables sources de nature différente, et par des sources de plus en plus volatiles, puisque la part du renouvelable - solaire et vent - ne cesse d'augmenter.
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