Chômage : le Medef veut calculer les indemnités en fonction de la conjoncture
DÉCRYPTAGE - Dans un document envoyé aux organisations syndicales, le Medef propose de moduler les indemnisations en fonction du niveau du chômage et de supprimer le régime des intermittents.

Les partenaires sociaux rentrent dans le vif du sujet. Mais les discussions s'annoncent tendues. La troisième séance de négociations sur l'assurance chômage s'ouvre ce jeudi 13 février. Sur la table notamment, les propositions choc du patronat. Dans un document envoyé aux organisations syndicales, le Medef propose de moduler les indemnisations en fonction du niveau du chômage et de supprimer le régime des intermittents.
Une indemnisation raccourcie en cas de baisse du chômage
Le principe actuellement en vigueur assure aux allocataires un jour d'indemnité chômage par jour travaillé pendant une période de deux ans maximum. À l'avenir, le Medef propose une nouvelle règle : calculer les indemnités de chômage en fonction de la conjoncture. Avec un principe élémentaire : moins le chômage est élevé, moins le chômeur est indemnisé, et inversement.
Dans la situation actuelle, où il est au-dessus des 10%, la donne ne changerait pas. Mais s'il venait à dépasser les 12%, les chômeurs seraient indemnisés plus longtemps. Avec toujours une durée d'allocation maximum de 2 ans (3 ans pour les seniors). En revanche, si le marché de l' emploi s'améliore, avec un taux de chômage en-dessous des 9% de la population active, la durée d'indemnisation raccourcirait et il faudrait avoir travaillé et cotisé au moins 6 mois contre 4 actuellement.
Faire pression sur les syndicats
Dans ce premier texte mis sur la table des négociations, l'organisation patronale indique vouloir réformer le système d'assurance chômage en profondeur. L'objectif : rétablir l'équilibre des comptes de l'Unedic, qui indemnise 60% des demandeurs d'emplois, présente un déficit de 4 milliards d'euros. Ses dettes cumulées, 18 milliards d'euros, pourraient s'élever à 22 milliards d'euros fin 2014 si rien n'est fait pour y remédier. Le Medef propose ainsi que l'État et les employeurs publics cotisent à l'assurance chômage. Actuellement ils ont la possibilité de créer leur propre système d' assurance ou de se retourner vers l'assurance chômage.
L'organisation patronale préconise également de supprimer le régime des intermittents et de les affilier au régime général. Un chantier périlleux que les syndicats souhaitent voir faire l'objet d'une négociation spécifique. Si cette offensive choc a peu de chance d'aboutir telle quelle, elle est avant tout destinée à faire pression d'entrée de jeu sur les syndicats qui refusent une baisse immédiate des indemnités alors que le chômage est au plus haut.