Manuel Valls a dénoncé mardi 6 octobre "les voyous" responsables desagressions contre des dirigeants d'Air France et a appelé à la "responsabilité des pilotes" dans la négociation du plan de redressement qui pourrait menacer jusqu'à 3.000 postes. Le Premier ministre a réaffirmé son soutien à la direction de l'entreprise aérienne. Cela n'est pas si fréquent qu'on entende une parole aussi claire. Cela peut-il tenir ? Ce n'est pas sûr. D'abord parce qu'il s'agit des transports. C'est un secteur dans lequel le gouvernement finit toujours par intervenir, parce que le blocage paralyse le pays.
Ensuite, parce que l'État est actionnaire d'Air France à hauteur de 16% et que, aux yeux de l'opinion publique, des salariés et de la majorité parlementaire, cela lui donne une responsabilité particulière dans le dossier. Il est exhorté à agir de tous côtés. Tous les ministres et les députés de la majorité se sentent autorisés à parler lorsqu'il s'agit d'une entreprise publique. Et cela peut donner la cacophonie, comme lors du dernier conflit avec les pilotes, il y a un an, qui déstabilise la direction de l'entreprise.
Est-ce à dire que l'État est un mauvais actionnaire ? Les performances sont inégales. Sans même remonter au désastre du Crédit Lyonnais, regardez la faillite d'Areva, le champion du nucléaire, qui va encore coûter plusieurs milliards d'euros au contribuable. Ce qui cause les échecs, ce sont bien souvent les objectifs contradictoires de l'État actionnaire. Il veut à la fois défendre une politique industrielle, avoir une vitrine sociale et gagner de l'argent. Tout cela est inconciliable.
L'État veut à la fois défendre une politique industrielle, avoir une vitrine sociale et gagner de l'argent. C'est inconciliable.
François Lenglet
Il n'y a donc pas de plan de vol pour l'État actionnaire, pas de doctrine. La meilleure preuve, c'est qu'on a connu, depuis l'élection de Hollande, quatre responsables successifs des participations de l'État. C'est l'un des postes les plus instables de Bercy.
La puissance publique est présente au capital de 77 entreprises, qui font au total 143 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et qui emploient 1,8 million salariés. Il s'agit d'entreprises dans les transports (comme Air France ou les aéroports), dans l'énergie (EDF et Areva), ou encore dans l'automobile et l'armement.
Bon an mal an, entre les dividendes et le coût des faillites comme Areva ou Dexia, ce patrimoine ne rapporte guère. Si l'État était un père de famille, il n'aurait pas été très avisé.
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