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Mort d'un nourrisson à Paris : ce qu'il faut savoir sur la vitamine Uvestérol D

ÉCLAIRAGE - Un bébé est décédé le 21 décembre après avoir reçu une dose de ce médicament contesté depuis 2006.

Un bébé dans une maternité (illustration)

Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP

Ludovic Galtier & AFP

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Un nourrisson de dix jours est décédé au mois de décembre "à son domicile" parisien, d'après l'Agence du médicament (ANSM), après avoir reçu une dose d'Uvestérol D. L'enfant, "sans antécédent", a présenté "des signes de suffocation (...) immédiatement après l'administration" du produit, "deux heures après la tétée", a détaillé l'agence sanitaire dans un courrier électronique envoyé le 30 décembre, soit neuf jours après le drame, aux centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV). Il est décédé "par arrêt cardio-respiratoire".

Un "bilan complet" (clinique, biologique, radiologique...) a été réalisé et une autopsie "recommandée", souligne l'ANSM, qui est "en attente" des résultats de l'investigation. L'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris a de son côté précisé que le nouveau-né n'avait "jamais été transféré ou pris en charge" à l'hôpital Cochin".

Qu'est-ce que le l'Uvestérol D ?

L'objectif de ce médicament, prescrit en France depuis 1990 et très connu des jeunes parents, est de lutter contre les carences en vitamine D dont les enfants souffrent entre la naissance et l'âge de 5 ans. Le produit, qui se présente sous forme liquide, est commercialisé par le laboratoire Crinex.

La vitamine D est naturellement produite par le corps, notamment sous l'effet des rayons du soleil. Si elle n'est pas développée en quantité suffisante, il y a un risque de rachitisme, un manque de calcification des os et des cartilages dont la première conséquence est un retard de croissance.

À qui est-il administré ?

Selon l'ANSM, ce médicament est administré aux nouveaux-nés, "aux nourrissons et aux enfants âgés jusqu'à cinq ans". Il est également souvent prescrit aux adultes, en particulier aux femmes enceintes ou qui allaitent, aux personnes âgées, à celles peu exposées au soleil ainsi qu'à celles ayant une peau très pigmentée. 

Pourquoi le médicament pose-t-il problème ?

Pour l'heure, aucun lien n'est établi entre l'Uvestérol D et le décès de l'enfant. Toutefois, le produit est sous surveillance en France depuis 2006 en raison notamment de la prolifération d'incidents graves (des "fausses routes", malaises avec apnée...) qu'il a occasionnés chez les enfants de moins de deux mois. Certains centres de pharmacovigilance plaident pour l'interdiction de ce produit, qui n'avait jamais conduit à un décès depuis 1990. Mardi 3 janvier, Gérard Bapt, député socialiste spécialiste des questions de santé publique, a appelé l'Agence du médicament "à suspendre la prescription".

Le problème ne vient donc pas tant du produit en lui-même. C'est la façon dont il est administré qui est à l'origine de l'aggravation des casDepuis 2006, les protocoles d'administration ont été précisés par l'ANSM : "utiliser une pipette seulement pour les bébés nés à terme", "pour les prématurés, mieux vaut administrer la vitamine via une tétine", "toujours administrer le produit avant la tétée ou le biberon", "installer l'enfant "éveillé" "en position semi-assise", "laisser l'enfant "téter" la seringue ou faire couler le produit "goutte à goutte", "ne pas l'allonger "immédiatement après l'administration", prévient la notice. 

Ce qui n'a pas empêché les cas graves de se multiplier. Entre 2006 et 2011, Prescrire, une revue médicale indépendante, en a recensé 23.

Quelle alternative ?

Toujours selon la revue Prescrire, le ZymaD, du laboratoire Meda Pharma, est une des alternatives à l'Usvestérol D. Il est vendu en flacon compte-gouttes, pouvant être dilué dans le biberon.

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