"La population étudiante se relâche", déplore Renaud Bouthier, le directeur d'Avenir Santé, une association engagée pour la santé des 15-25 ans. Les chiffres le prouvent : un étudiant sur trois déclare de jamais utiliser de préservatif, la même proportion dit ne pas se faire dépister en cas de changement de partenaire.
Une étude réalisée par Harris Interactive diffusée par la mutuelle étudiante Smerep révèle ces chiffes ce vendredi 28 novembre, alors que le lundi 1er décembre sera la journée mondiale de la lutte contre le sida.
Elle confirme la tendance observée depuis quelques années : en 2013, 30% des étudiants déclaraient ne jamais porter de préservatifs, en 2014, ils sont 33%. Les raisons invoquées : diminution du plaisir, se protéger seulement au début d'une relation, faire confiance à son partenaire.
"Pourtant le préservatif, c'est quasiment indispensable", s'étonne Thibault, 20 ans, étudiant à la Sorbonne. "C'est indispensable", le reprend Pierre, qui fume à côté et qui voit cela comme "un mal nécessaire (...) surtout quand on ne connaît pas la personne".
"Si la relation se prolonge, c'est pas agréable, ça diminue les sensations", explique Thibaut.
Vu comme un obstacle "pratique" dans la relation, le préservatif n'est plus perçu comme un moyen de lutte contre le sida. "Il y a une forme de banalisation du sida, c'est devenu un phénomène sociétal installé. Il y a moins ce rapport d'urgence vis-à-vis de la maladie", déplore Renaud Bouthier, d'Avenir Santé.
De fait, certains étudiants ne sont pas assez informés des risques. "Je ne savais pas que ça pouvait se transmettre par fellation !", s'exclame Anna, 22 ans.
"La 'Génération Sida', qui a débuté sa vie sexuelle dans les années noires de la maladie (entre 1981 et 1995), a bénéficié plus longtemps que les jeunes d'aujourd'hui de campagnes de prévention et d'une visibilité de l'épidémie plus importante", explique Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée d'études et de recherche à l'Injep, l'observatoire de la jeunesse.
Selon elle, les jeunes d'aujourd'hui voient le sida comme une maladie curable ou avec laquelle on peut vivre. "Même si le sida fait toujours peur, on connaît de moins en moins de gens qui en meurent", relève-t-elle, ajoutant que beaucoup d'étudiants se mettent à douter de l'efficacité du préservatif pour lutter contre les IST (infections sexuellement transmissibles).
Stan, lui, a choisi de ne plus porter de préservatifs: "J'ai toujours fait des tests, tous les trois ou quatre mois", précisant qu'il exige la même chose de sa partenaire. "Histoire d'être sûr" et d'évacuer de la relation la suspicion que certains voient dans ce bout de caoutchouc: "Certains disent : 'Si je mets un préservatif, mon partenaire va se demander si j'ai pas eu 20 partenaires avant'", souligne Pierre Faivre.
"Quand on est amoureux, c'est une preuve de confiance en l'autre d'arrêter d'en porter", conclut Yaëlle Amsellem-Mainguy.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte