Deux nuits de violences urbaines. Le quartier du Mirail à Toulouse (Haute-Garonne) s'est embrasé à nouveau lundi 16 avril, au lendemain d'échauffourées entre la police et des jeunes du quartier. Les causes de ces affrontements sont encore difficiles à établir avec certitude.
Dimanche 15 avril, vers 20h30, des échauffourées ont éclaté dans les quartiers de la Reynerie et de Bellefontaine. Dix voitures et un engin de chantier ont été brûlés et le commissariat de Bellefontaine a été visé par des jets de pierre, mais aucune interpellation n'a eu lieu. Le calme est revenu peu avant minuit.
Malgré les dispositions prises par les autorités pour éviter une deuxième nuit de violences, comme l'interdiction de la vente de carburant au détail et le déploiement d'un "dispositif conséquent" de forces de l'ordre, des échauffourées ont à nouveau eu lieu lundi 16 avril. Des voitures ont à nouveau été incendiées, et cette fois, 18 personnes ont été interpellées. Deux événements pourraient avoir mis le feu aux poudres, selon les sources.
Selon le commissaire Arnaud Bavois, directeur départemental de la sécurité publique, la tension était montée dimanche dans l'après-midi après le contrôle d'une femme portant un niqab. La femme refusant de se soumettre aux vérifications de la police, le contrôle a mal tourné et elle a été placée en garde à vue.
Mardi 17 avril, elle s'est vue signifier sa convocation devant le tribunal le 17 mai prochain. Elle devra répondre d'outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique, de rébellion et de menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique selon France 3 Occitanie. Elle pourrait aussi recevoir une contravention pour le port de vêtements dissimulant son visage dans l'espace public, interdit par la loi depuis 2010.
Dans une vidéo partagée sur Twitter et largement relayée, on voit les policiers mettre la femme au sol et la plaquer pour la menotter. Selon France 3 Occitanie, le parquet de Toulouse a confirmé la véracité de la vidéo mais invite à rester prudent. On ne voit en effet pas comment a débuté le contrôle mené par les forces de l'ordre, et ce qu'il s'est passé avant que la femme ne se retrouve au sol.
Selon d'autres sources, c'est la propagation d'une rumeur sur le décès d'un détenu de la prison de Seysses, près de Toulouse, qui serait à l'origine des violences. Le jeune homme âgé de 27 ans a été retrouvé mort samedi 14 avril dans sa cellule, et le commissaire Arnaud Bavois indique qu'il s'agit d'un suicide par pendaison.
Mais la thèse officielle ne convainc pas, notamment les co-détenus du défunt. Lundi 16 avril, après une promenade, près d'une centaine d'entre eux ont refusé de regagner leurs cellules. Les forces de l'ordre ont été dépêchées à la maison d'arrêt de Seysses, avant que tout le monde ne rentre dans sa cellule dans le calme.
Une enquête judiciaire sur les causes de la mort du détenu est en cours. L'autopsie réalisée sur le corps du défunt a confirmé que les causes du décès "sont compatibles avec une mort par pendaison", indique le parquet de Toulouse.
Le quartier du Mirail, classé zone de sécurité prioritaire, est en proie au trafic de drogues et aux règlements de compte. Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s'y était rendu le 9 mars dernier. Il avait annoncé un renfort de 30 policiers supplémentaires, en plus des 103 déjà affectés sur le quartier, et promis de revenir dans six mois.
Le Mirail a par ailleurs été retenu par le gouvernement pour l'expérimentation de la police de sécurité du quotidien, qui mise sur une nouvelle méthode de travail collective et de nouveaux outils pour lutter contre l'insécurité.
Construit dans les années 1960 et 1970, ce grand quartier avait fait le pari de la mixité sociale. Une utopie qui n'a pas duré : le quartier s'est paupérisé au fil des années avec le départ progressif des classes moyennes, transformant le Mirail en ghetto et amenant les problèmes qu'il connaît aujourd'hui.
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