Réouverture de Notre-Dame : sauvé des flammes, comment le grand orgue de la cathédrale a été reconstruit

Ce samedi soir, ce sera le "réveil" du grand orgue de Notre-Dame de Paris qui a été déconstruit puis reconstruit et réharmonisé après l'incendie du 15 avril 2019.

L'instrument résonnera à nouveau lors de la cérémonie de réouverture de la cathédrale durant laquelle celui-ci sera béni : il s'agit du réveil de l'orgue (une tradition pour un nouvel orgue ou après une restauration).

Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, adressera des invocations à l'orgue à huit reprises. Les quatre organistes vont ensuite se relayer pour répondre en improvisant des airs. Chacun jouera à sa façon pour montrer toutes les palettes de l'orgue.

Avant cela, il a fallu réharmoniser, réaccorder cet orgue, tuyau par tuyau (8.000 tuyaux au total). Un travail d'orfèvre réalisé notamment par Pascal Quoirin, facteur d'orgues renommé. "Tout ça se joue à très, très peu de choses. C'est vraiment infinitésimal. Quand on fait ces gestes-là, il faut qu'on ait l'impression de n'avoir rien fait et pourtant on a fait beaucoup. C'est très, très subtil", a expliqué à RTL celui qui connaît l'instrument de l'intérieur depuis des dizaines d'années.

Quand il n'y a pas de silence pour l'harmonisation, c'est comme si vous contraignez un peintre à peindre dans le noir. Il ne peut rien faire.

Pascal Quoirin, facteur d'orgues renommé

Première étape : l'égalisation de l'instrument (une opération entre le 2 avril jusqu'en juillet dernier). Trois mois et demi donc pour réviser à ce moment-là 70% de l'instrument.

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La suite s'est déroulée à partir du 15 septembre avec deux équipes de facteurs d'orgues, qui ont travaillé 16 heures par jour : une équipe de jour et une de nuit pour fuir les bruits du chantier. "Quand il n'y a pas de silence pour l'harmonisation, c'est comme si vous contraignez un peintre à peindre dans le noir. Il ne peut rien faire. Pour nous, c'est pareil", a indiqué Pascal Quoirin. Et de poursuivre : "C'est pour ça que l'harmonie, ici, a été extrêmement difficile. On a travaillé dans des conditions épuisantes, il a fallu attendre le soir très tard pour avoir du silence et ainsi faire des corrections. Il faut un silence total."

Les quatre organistes de Notre-Dame ont retrouvé leur console il y a seulement quelques semaines, d'abord pour "secouer" l'instrument, puis pour se réhabituer, se rôder. La nuit dernière encore, 2.000 tuyaux ont été réaccordés afin que tout soit parfait lors de la cérémonie de réouverture. 

Christian Lutz a suivi le chantier de la rénovation de l'orgue de A à Z. "Ce n'est pas simplement qu'une question intellectuelle. C'est une question physique. On est pénétré par le son, ça traverse le corps", a confié ce dernier. Avec cet orgue - le plus grand de France - "des sons très graves pénètrent encore plus le corps humain".

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