"Réfugiés" élu mot de l'année 2016

"Le mot 'réfugiés' est apparu comme le plus symbolique, le plus significatif et le plus émouvant de l'année." Voilà pourquoi le politologue Roland Cayrol et le reste du jury du festival du Mot de la Charité-sur-Loire ont fait de "réfugiés" leur mot de l'année 2016. 

Auparavant, les membres du jury avaient consulté près de 100.000 personnes sur Internet. Il ressort de ce sondage que "réfugiés" est "celui qui illustre le plus, en cette période si empreinte de gravité, les problèmes essentiels du monde d'aujourd'hui". Après avoir hésité avec le terme "migrants", le jury a finalement choisi celui qui renvoie selon lui "à un droit" et "est plus positif". Cela fait écho aux propos du Défenseur des droits Jacques Toubon qui avait justement tenu à rappeler, il y a quelques jours, que les mots à ce sujet étaient loin d'être neutres. 

Ne pas opposer "'bons' réfugiés" et "'mauvais' migrants"

"Migrants" a longtemps été vu "comme le plus neutre, au regard notamment de celui de 'clandestin', particulièrement utilisé par des mouvements anti-immigration et l'extrême droite", expliquait alors Jacques Toubon. Mais aujourd'hui, il a "tendance à être utilisé pour disqualifier les personnes, leur dénier un droit à la protection en les assimilant à des migrants 'économiques'". 

Malgré cela, le Défenseur des droits ne privilégie pas non plus le mot de l'année 2016. L'appellation de réfugié "est à double tranchant" car "elle peut inciter à distinguer, une fois de plus, les 'bons' réfugiés, ceux qui pourraient prétendre à une protection au titre de l'asile, des 'mauvais' migrants dits économiques". Chaque année depuis 2005, ce festival, qui se tiendra du 25 au 29 mai, lance l'élection d'un mot de l'année. 
L'an dernier, les mots "laïcité" et "liberté d'expression" avaient été plébiscités. En 2014, "transition" et "selfie".