Radicalisation : les appels vers le numéro vert "anti-jihad" en hausse de 45%
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, plus de 2.700 hommes et femmes ont été signalés en un an. Dans un cas sur cinq, l'appel concerne un mineur.

La radicalisation est-il un phénomène en hausse ou la crainte des Français s'est-elle accrue ? En avril 2014, le gouvernement a lancé l'une de ses mesures phares du plan "anti-jihad", un numéro vert. Son objectif : détecter les signes de radicalisation. Sur le site du du gouvernement, il est même écrit : "J'appelle, pour signaler et alerter, protéger et accompagner les jeunes et leurs familles". Europe 1 diffuse les résultats qui ne devaient être communiqués que ce mercredi 27 avril au soir. Entre avril 2015 et avril 2016, le nombre de signalements a bondi de 45%.
Il est précisé qu'en un an, 2.712 hommes et femmes ont été signalés au 0.800.00.56.96, contre 1.864 entre 2014 et 2015. Depuis le lancement de la plateforme, ce sont au total 4.576 personnes qui ont donc été signalées. Les milliers de personnes concernées sont celles qui présentent des profils jugés "pertinents" par le ministère de l'Intérieur, après un entretien d'une heure.
1 appel sur 5 concerne un mineur
Selon les chiffres publiés, 61% des appels concernent des hommes, dont la majorité a plus de 26 ans. 39% sont des femmes, concernant majoritairement des jeunes de 18 à 25 ans. Dans un cas sur cinq, le signalement concerne un mineur. Les musulmans sont autant concernés que les convertis, qui représentent 48% des appels. 10% des appels signalent un départ en Syrie. Le ministère de l'Intérieur précise que les jeunes filles de moins de 18 ans représentent un tiers des signalements. Des adolescentes qui, selon l'hypothèse soulevée par un collaborateur de Bernard Cazeneuve, sont peut-être perdues et souffrent d'une crise identitaire.
Signaler une situation préoccupante
Le numéro vert "anti-jihad", comme l'explique la devise du gouvernement, sert à "agir pour ne pas les laisser partir". Il est utile notamment pour signaler une situation préoccupante, capable d'occasionner un drame. Lorsqu'une personne fait part de ses doutes, des spécialistes pourront alors établir un diagnostic. Si jamais, les jours et horaires d'ouverture ne conviennent pas, il est également possible de remplir un formulaire pour contacter la plateforme et ainsi d'écrire la situation, propice au signalement.
La radicalisation reste un sujet contre lequel le gouvernement lutte avec fermeté. Le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance organise d'ailleurs un colloque international sur la prévention de la radicalisation, qui se déroulera les 27 et 28 avril 2016 à l'École Militaire à Paris.
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