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Pénurie d'essence : toutes les raffineries en grève, le point sur la situation

ÉCLAIRAGE - Six des huit raffineries sont bloquées, les deux autres maintiennent leur activité mais prévoient une baisse de leur production.

Un automobiliste s'apprête à faire le plein de carburant de son véhicule le 30 décembre 2010 à Lille
Un automobiliste s'apprête à faire le plein de carburant de son véhicule le 30 décembre 2010 à Lille
Crédit : AFP / Philippe Huguen
Le secrétaire fédéral de la CGT Emmanuel Lépine confirme la grève des huit raffineries françaises.
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Le point sur la fermeture des raffineries mardi 24 mai à midi
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Clémence Bauduin
Clémence Bauduin

Toutes les raffineries françaises sont désormais bloquées. Les huit usines pétrolières du pays ont voté l'arrêt de leurs productions ce mardi 24 mai au matin. "Les deux dernières raffineries qui n'étaient pas en grève jusqu'à présent se sont mises en grève ce matin quand les salariés ont appris la charge d'une violence inouïe de la police, commandée par le gouvernement, au port pétrolier et à la raffinerie de Fos-sur-Mer", confirme Emmanuel Lépine, secrétaire fédéral du secteur pétrole de la CGT, au micro de RTL ce 24 mai au matin.


Ce blocage a pour point de départ la contestation contre la loi Travail, au cœur des mouvements sociaux depuis plusieurs semaines. Les chauffeurs routiers, inquiets pour la rémunération de leurs heures supplémentaires, ont rejoint les rangs de la contestation le 16 mai. Combien de temps le mouvement des chauffeurs peut-il perturber l'approvisionnement en carburant des stations-service ? A-t-on les moyens d'éviter la pénurie totale ? Et quelles seront les conséquences concrètes de cette grève ?
>> La carte des stations-essence impactées par la pénurie actualisée en temps réel >

Les raffineries au ralenti

Sur les huit raffineries françaises, certaines sont complètement à l'arrêt comme la raffinerie de Feyzin (Rhône). D'autres le sont partiellement, comme les sites de Lavéra (Bouches-du-Rhône) et de La Mède (Bouches-du-Rhône) qui ont réduit leurs moyens de production. À Grandpuits (Seine-et-Marne), seule une partie des salariés font grève, ceux qui souhaitent continuer à travailler le peuvent. Dans 6 cas sur 8, la production a beau ne pas être tout à fait à l'arrêt, le blocage empêche les camions d'accéder aux sites : comme à la raffinerie de Feyzin, les denrées pétrolières ne sont donc pas accessibles.

Deux exceptions subsistent, notamment à la raffinerie Exxon-Mobil de Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), la deuxième raffinerie française qui est, pour l'heure, toujours en activité. Les camions-citernes y entrent et en sortent normalement de la raffinerie. Le porte-parole d'Exxon-Mobil a indiqué que le mouvement social débuté ce matin n'avait aucun impact sur la production. Seule une vingtaine de grévistes de la CGT et de Force Ouvrière sont recensés. La production de Notre-Dame-de-Gravenchon pourrait toutefois être impactée au cours des prochains jours, puisque le centre pétrolier qui alimente ce site par oléoduc sera en grève à partir de ce 24 mai, à 19 heures. "Il va y avoir au minimum une baisse du débit de 50%" à la raffinerie Exxon Mobil de Gravenchon, selon le secrétaire fédéral CGT du secteur pétrole Emmanuel Lépine.

98 jours de stock

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Remettre en marche une raffinerie qui a été arrêtée peut prendre plusieurs jours. "Il y a les stocks stratégiques auxquels nous n'avons pas touché pour l'instant. Ils permettent à la France d'avoir plusieurs semaines de consommation devant elle. Il n'y a pas de risque de pénurie pour la semaine prochaine", a voulu rassurer le ministre des Transports, Alain Vidalies, au micro de RTL dimanche 22 mai

Pour l'heure, ces stocks n'ont toujours pas été entamés. Si la situation l'exigeait, 17,4 millions de tonnes de pétrole brut et de produits pétroliers sont disponibles, ce qui correspond à 98,5 jours de consommation. Le Monde explique ainsi qu'en cas de recours à une telle mesure, la France devrait se coordonner avec l'Union européenne et l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Fondée pour faire face au choc pétrolier de 1973 et aux perturbations graves des approvisionnements en pétrole, cette dernière gère et coordonne ces stocks pour les 28 pays membres de l'UE. Chaque État a pour obligation d'entretenir trois mois (98 jours) de stock. En France, la dernière pénurie de carburant remonte à 1968.

Vers un arrêt total de la production ?

Plus de 3.00 stations - sur les 12.000 que compte le pays - sont désormais impactées par le blocage des raffineries et dépôts pétroliers. Celles-ci sont en manque de carburant ou bien parfaitement vides. Cela représente plus d'une station sur 5. Les régions les plus impactées restent les Pays-de-la-Loire, la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France, mais les pénuries commencent à se faire ressentir sur l'ensemble du territoire. 

De son côté, le Premier ministre Manuel Valls persiste en affirmant que "d'autres sites vont être libérés" après celui de Fos-sur-Mer et qu'il n'y aura "pas de retrait de la loi Travail". François Hollande, lui, dénonce "un blocage" décidé "par une minorité", selon les informations de l'AFP.

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