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Comment les militants anti-IVG jouent avec la culture web pour exister en ligne

Pour influencer les jeunes femmes qui se questionnent sur l'avortement, des sites se présentant comme neutres dispensent leurs conseils sur Internet.

La "Marche pour la vie" des opposants à l'avortement a réuni 16.000 personnes, le 19 janvier 2014 à Paris
La "Marche pour la vie" des opposants à l'avortement a réuni 16.000 personnes, le 19 janvier 2014 à Paris
Crédit : AFP / Pierre Andrieu
Liselotte Mas
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Les anti-IVG sont très présents sur la Toile et ne manquent pas une occasion de "surfer sur la vague" pour faire entendre leur voix. Dernière opération en date, une campagne contre l'avortement déguisée sous des airs de Pokémon Go

Sur une interface smartphone, l'internaute suit une petite histoire avant de se retrouver face à un "œuf", il doit alors décider de le faire éclore ou non. Dans le premier cas, un Pikachu apparaît et félicite le joueur tandis que, si l’œuf n'éclot pas, l'internaute est à demi-mot accusé d'avoir tué la mignonne petite créature. Le message pro-vie est loin d'être subtil mais tente de jouer avec les codes culturels de la nouvelle génération.

Cette présence nourrie des anti-IVG sur Internet n'est pas neuve mais semble se doter de moyens conséquents au vu de l'interface du site des Survivants, association à l'origine du Pokémon Go version pro-vie, et de la rapidité de mise en place de cette petite application. 

Le Web, terrain de jeu à succès des pro-vie

Dans le même esprit, on peut penser à Afterbaiz, qui se présente comme un "site de réinformation sur la sexualité". Sous ses couleurs pop fluo et ses articles à l'humour "décalé", il joue sur les terres du "lol" pour faire passer ses messages auprès d'un public jeune, alors en pleine découverte de sa sexualité. D'ailleurs, une catégorie entière du site est dédiée à l'IVG. Un sketch, surfant sur les codes usuels de Youtube, revient sur le sujet. Afterbaiz a été conçu par Newsoul, agence digitale créée par Émile Duport. Il est la tête pensante des Survivants - groupe de jeunes conservateurs opposés à l'IVG, récemment apparu en France - et ancien directeur artistique de la Manif Pour Tous. 

Mais le plus gros "succès" de la lutte anti-IVG en ligne reste ce groupe de faux sites officiels sur l'avortement : IVG.net, avortement.net et SOSbebe.net - entre autres - qui véhiculaient peurs et clichés autour de l'Interruption volontaire de grossesse. Malgré une contre-campagne lancée par le gouvernement en 2013, ils sont toujours très bien référencés sur Google, dans les cinq premiers résultats selon les mots-clefs. 
Bien conscient qu'aujourd'hui, lorsqu'une jeune femme apprend qu'elle est enceinte, sa première source d'informations est souvent internet, les militants ont créé des sites biaisés dans l'espoir d'influer sur sa décision. Dès lors, quand elle tape "IVG" ou "avortement" sur Google à la recherche d'informations, de conseils et de témoignages, elle tombe sur des sites officiels mais aussi sur des pages très partisanes. 

Des sites aux allures officielles pour faire passer le message en douceur

À première vue, difficile de faire la différence. Le site IVG.net met en avant un numéro vert et se présente comme un "Centre National d'Ecoute anonyme et gratuite", tandis que Avortement.net met en avant les témoignages de jeunes femmes qui ont avorté. Sur les deux sites, bien en évidence, le même slogan : "Vous êtes enceinte ... Vous avez des questions ? Ne restez pas seule !" et la mention d'un "Centre de documentation médicale sur l'avortement (CDMA)". Des termes qui semblent officiels avec, en plus, ce numéro vert accessible 7j/7 d'ordinaire présent sur les sites du service public.