C'est l'histoire incroyable révélée par la Fédération française du bois (FNB). Les scieries françaises manquent de matière première. Nombre d'entre elles sont au chômage partiel et arrêtent de travailler dès le jeudi soir, tout simplement faute de chêne.
Elles ne travaillent qu'à 60% de leurs capacités, parce que les propriétaires français exportent massivement vers la Chine leurs grumes (les troncs d'arbre non équarris). Les exportations de bois françaises ont été multipliées par dix ans, pour atteindre 500.000 mètres cubes, et les prix ont explosé. Près de 25% des arbres abattus chez nous partent dans l'Empire du Milieu.
Si le Chinois achètent-ils nos arbres centenaires, c'est parce qu'ils ne veulent plus s'attaquer à leurs propres forêts. Pour des raisons climatiques et écologiques et pour limiter la progression du désert chez eux. Les les restrictions sur le bois russe de Sibérie, qu'ils achetaient auparavant, se sont multipliées. Du coup ils importent, notamment des forêts françaises.
Que font-ils du bois français ? C'est à se taper la tête contre les murs. Le bois part là -bas et revient parfois sous forme de parquet "made in China", et acheté par les Français ! Après avoir parcouru quelque 20.000 kilomètre sur les mers et les terres, donc avec un bilan carbone désastreux. Et le tout alors qu'il y a 26.000 emplois en jeu en France, dans les régions forestières.
Cette situation paradoxale avait d'ailleurs été pointée par celui qui n'était alors qu'un candidat, Emmanuel Macron, en avril 2017 : "Alors qu'on a l'une des plus grandes et belles forêts d'Europe, on importe des produits en bois. C'est une aberration complète". Le paradoxe, c'est que cela coûte moins cher au consommateur ainsi, même avec ce circuit autour de la Terre !
Mais pourquoi vend-on aux Chinois, et pas aux Français ? L'habitude a été prise après la tempête de 1999, qui a créé un afflux massif de bois qui n'était pas consommable ni en France, ni en Europe. Des ventes qui se sont multipliées alors que nos forêts se dépeuplent de chêne.
Et là il y a une responsabilité des propriétaires français. Ils replantent massivement avec du résineux, parce que la croissance est plus rapide. Il faut, en effet, huit générations (près de 200 ans) pour faire un chêne solide. Malheureusement, les propriétaires privés de forêts françaises, qui comptent pour plus de la moitié de la surface, vont au plus rentable.
Que faire ? Les organismes professionnels du secteur recommandent une politique de replantation pour régénérer la ressource, un programme de soutien à l'utilisation et la transformation du bois français en France, mais aussi une forme de protectionnisme, avec des quotas d'exportation par essence.
Bon nombre de pays ont déjà fermé leurs frontières, disent-ils, tout ou partiellement. La Russie taxe ainsi les exportations. L'Ukraine les interdit. L'Allemagne, la Hongrie ont également mis en place des restrictions. Le bois est en train de redevenir une matière première stratégique.
L'enjeu économique est important en France, où on compte quelque 2.000 petites entreprises (il y en avait plus du double il y a dix ans !). Elles sont concentrées dans les grandes régions forestières françaises : la Bourgogne-France-Comté, le Grand-Est, le Centre-Val-de-Loire et la Nouvelle-Aquitaine.
Le développement des forêts est bien Ã