À quelques heures d'écart, les chiffres du commerce extérieur pour 2017 viennent d'être publiés en France et en Allemagne. À Paris, les Français enregistrent un déficit de 62 milliards d'euros pour l'année. À Berlin, un excédent de presque 250 milliards sur la même période !
Voici deux pays avec le même niveau de vie, la même conjoncture, le même environnement, et qui dégagent des résultats ont ne peut plus contrastés. Des évolutions parfaitement antagonistes expliquent ce ciseau.
Quand la reprise est là, l'Allemagne vend davantage, en particulier à ses voisins européens, et en particulier des machines outils. C'est un bien dont le pays est l'un des spécialistes planétaires, avec le Japon et la Corée - un peu la Chine également, sur des niveau de gamme moins élevés.
De son côté, la France, quand la reprise est là, achète davantage, principalement à nos voisins européens - en Allemagne en particulier, et des machines outils en particulier. L'accélération de l'activité a des effets tout à fait symétriques des deux côtés du Rhin.
Pourquoi les chiffres se sont-ils dégradés à ce point chez nous ? Pour une petite part, il y a l'effet mécanique de la hausse du prix du pétrole. Ça, on n'y peut rien. Mais même si l'on ne considère que le solde des biens industriels (c'est le plus significatif), le bilan s'est dégradé durant l'année de reprise qu'a été 2017.
Nous, Français, achetons désormais très majoritairement nos biens les plus courants à l'étranger : bon nombre des voitures - et en particulier les petites, qui sont les plus vendues -, les meubles, les vêtements, les téléphones, les téléviseurs.
Nous ne sommes jamais bons que quand les Allemands sont mauvais
François Lenglet
Dans la consommation courante, il n'y a guère que l'alimentation qui reste largement produite chez nous. Du coup, dès que l'emploi ou le pouvoir d'achat augmentent, notre demande à l'étranger progresse.
Bien sûr, les Allemands aussi achètent tout cela à l'étranger. Sauf les voitures moyen et haut de gamme quand même, qui sont largement faites chez eux. Mais la grande différence, c'est qu'ils ont leurs exportations industrielles qui font plus que compenser leurs achats en Chine ou en Europe de l'Est. Pas nous. Ou moins, beaucoup moins en tout cas.
Nous n'avons que quelques spécialités industrielles où nous sommes bons au point de faire les prix, comme l'aéronautique ou le luxe par exemple. Pour le reste, nous sommes soit trop chers, soit pas assez de qualité. C'est la même chose d'ailleurs, c'est le vieux positionnement de la France sur le moyen de gamme qui n'est plus compatible avec une monnaie forte comme l'euro.
Que peut-on faire ? Agir des deux côtés, en baissant les coûts du travail (c'est fait, avec le pacte de compétitivité de Hollande) et monter en gamme (avec plus de formation, plus de recherche, plus de qualité). Mais c'est l'affaire d'une génération.
Cela n'est pas impossible. Au début des années 2000, nous avions encore un excédent commercial, même avec l'euro. Il est vrai qu'alors, c'était l'Allemagne qui était sur le flanc, à cause de la réunification des deux moitiés. Tel est notre drame en matière de commerce extérieur : nous ne sommes jamais bons que quand les Allemands sont mauvais !
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