Le téléphérique urbain, le nouveau transport en commun qui décolle

À l'automne prochain à Brest sera inauguré le premier téléphérique urbain français. Une dizaine de projets ont été votés ou sont à l’étude dans des villes françaises.

Les fameux œufs de Grenoble ne rentrent pas en compte, car c'était pour les loisirs

Crédit : SIPA

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Vous pensiez que le téléphérique c’était pour les sports d’hiver ? Direction Brest : c'est là que le premier téléphérique urbain français sera inauguré fin octobre-début novembre. Les cabines seront testées cet été. N'y avait-il pas déjà les fameux œufs de Grenoble ? Cela ne compte pas : c'était pour les loisirs. À Brest, il s’agit d’un moyen de transport en commun intégré au réseau des bus et des tramways. Pour enjamber une rivière, la ville pouvait opter pour un nouveau pont levant à 60 millions d'euros ou un téléphérique trois fois moins cher.

Le choix s’est donc vite imposé au maire socialiste de Brest, François Cuillandre. "Ce téléphérique a pour objectif de desservir un nouveau quartier qui se trouve être une quasi presqu'île urbaine en cœur de ville, avec des difficultés d'accessibilité. La meilleure réponse que nous avons obtenue est la construction d'un téléphérique, avec une durée de trajet de trois minutes. Les deux cabines ne vont pas se croiser mais se superposer, permettant d'accueillir entre 40 et 60 personnes, et plus de 600.000 dans l'année", explique l'édile.

Deux projets déjà votés

Vous pourrez avoir le vertige même à Brest, car le téléphérique sera extrêmement haut : 75 mètres. C'est l'équivalent d’un immeuble de vingt-cinq étages. Cela va permettre de laisser passer dessous tous les navires de guerre, les frégates ou les porte-hélicoptères de la Marine.

Outre Brest, il y a des projets moins hauts mais avec plus de kilomètres. À Grenoble, on voudrait rapprocher deux villes de l’agglomération. Exemple aussi dans le Val-de-Marne : l’idée est de relier Créteil à Villeneuve-Saint-Georges, avec deux stations entre les deux (4,5 kilomètres au total). L'intérêt de choisir les airs dans ces zones urbaines denses, c’est de limiter les temps de trajet, d’échapper à la saturation des axes routiers en franchissant d'un trait tous les obstacles, les rivières, les voies ferrées et les autoroutes.

On a répertorié une dizaine de projets à l’étude en France dans des municipalités de toutes les couleurs politiques. Deux ont d’ores et déjà été votés. À Toulouse, l’appel d’offre a été lancé pour construire 2,5 kilomètres de liaison par câble. À Orléans, le projet pourrait aller plus vite car, comme à Brest, aucune habitation n'est survolée par l'ouvrage. Il s’agit de 400 mètres au-dessus d’une voie ferrée qui coupe un quartier.

La loi française a changé

Comment expliquer cet engouement pour le téléphérique ? D'abord, le coût des travaux séduit les villes. C’est moins cher qu’un tramway, et les travaux ne gênent pas la circulation pendant des mois. Ensuite, il y a des succès à l’étranger : à New York, mais aussi à Medellin en Colombie où, depuis quatorze ans, le Metrocable transporte un million de personnes par jour (image AFP, ci-dessous). "Le téléphérique urbain est en train de rentrer dans l'imagination des décideurs français", se réjouit Christian Bouvier, le patron de Poma, le leader des remontées mécaniques.

Une vue du téléphérique de Medellin, en Colombie

Crédit : AFP / Archives, Raul Arboleda

Enfin, la loi vient de changer en France. Les projets de téléphériques en ville étaient bloqués par des associations de riverains dont les habitations devaient être survolées. Désormais, un projet de téléphérique est équivalent à celui d’une ligne de tramway ou de métro. Il peut être déclaré d’utilité publique, ce qui change les bases de la concertation et du débat. Ce nouveau levier pourrait faire éclore des "œufs" et des cabines de téléphériques dans les années qui viennent.

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