La loi contre le harcèlement sexuel, efficace ou pas ?

Il y a quatre ans, le Parlement adoptait la loi relative au harcèlement sexuel. Le texte, qui a multiplié les peines par deux, punit de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende tout acte de pression ou de chantage. Mercredi 11 novembre, les députés rapporteurs de la mission d'information sur l'évaluation de la loi tiennent une conférence de presse pour faire un point sur son efficacité qui reste relative.

Depuis 2012, le nombre de condamnations n'a pas vraiment évolué. Le nombre de plaintes reste à peu près le même : un peu moins d'un millier par an. Les condamnations demeurent rares : soixante à quatre-vingts chaque année et des peines souvent légères (sursis ou amende). Plus étonnant encore, la proportion des victimes reste la même. Aujourd'hui, comme hier, 20% des femmes actives disent avoir été confrontées au harcèlement sexuel au cours de leur carrière. Des chiffres qui ne varient pas.

Ce statu quo s'explique en grande partie par le fait que les mentalités ne bougent pas. Déposer plainte reste la plus grande difficulté pour les victimes. Elles peuvent considérer que cela les met en danger au sein de l'entreprise, qu'elles risquent de ne pas être prises au sérieux par la justice et qu'elles auront sans doute les pires difficultés pour recueillir des témoignages.

Contrairement à ce que l'on peut penser, le harceleur-type n'est pas forcément le patron, mais c'est aussi un collègue manipulateur à l'aspect très lisse. Dans ces affaires où c'est parole contre parole, la meilleure loi du monde ne peut pas tout. Elle a au moins le mérite d'exister.