Le dôme de confinement financé par la communauté internationale a été mis en place mardi 29 novembre au-dessus du réacteur accidenté de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Ce projet hors normes qui doit assurer la sécurité du site pour les 100 ans à venir. En forme d'arche, cette cloche de confinement présente une ossature métallique de 25.000 tonnes (36.000 tonnes avec les divers équipements prévus), de 108 mètres de haut et de 162 mètres de long.
"Ce qui revient à pouvoir couvrir le Stade de France ou la Statue de la Liberté", résume dans un communiqué Novarka, coentreprise des groupes français Bouygues et Vinci, qui a conçu et réalisé l'arche. D'une durée de vie d'au moins 100 ans, selon les constructeurs, elle doit permettre de confiner les matières radioactives et la chape de béton existant. De plus, elle dispose d'équipements qui vont éventuellement permettre de procéder au démantèlement du vieux "sarcophage" soviétique, recouvrant le réacteur numéro 4, et le traitement des déchets radioactifs. L'arche ne sera cependant opérationnelle que fin 2017, le temps d'installer et mettre en service ses divers équipements.
Le 26 avril 1986, à 01h23, le réacteur numéro 4 explosait au cours d'un test de sûreté. Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l'atmosphère des éléments radioactifs qui ont contaminé, selon certaines estimations, jusqu'aux trois quarts de l'Europe, mais surtout la Russie, l'Ukraine et le Bélarus, alors républiques soviétiques.
En 206 jours, un "sarcophage", d'une ossature métallique de 7.300 tonnes et composé de 400.000 mètres cubes de béton, avait été construit à la hâte par 90.000 personnes dans des conditions très difficiles, afin d'isoler le réacteur accidenté. Si la durée de vie du sarcophage avait initialement été prévue pour 20 à 30 ans, elle s'est avérée beaucoup plus courte. Dès 1999, il a fallu mener de premiers travaux de renforcement, puis à nouveau en 2001, 2005 et 2006.
Face au risque d'effondrement de l'ancien sarcophage, qui signifierait que des tonnes de magma hautement radioactif seraient à l'air libre, la communauté internationale a financé la construction de la nouvelle chape. Un fonds géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a été créé et les travaux de construction ont débuté en 2012. Selon la Berd, le coût de l'arche s'est élevé à 1,5 milliard d'euros. Mais le montant de tout le programme de confinement est estimé, lui, à 2,1 milliards d'euros.
Le gouvernement japonais a annoncé lundi 28 novembre que l'accident de Fukushima allait coûter deux fois plus que prévu, soit près de 170 milliards d'euros. C'est exactement ce que la France a investi en 60 ans pour construire tous ses réacteurs, ses 58 réacteurs. À Fukushima, il a fallu sécuriser la centrale, la décontaminer, et surtout indemniser les victimes. 20.000 personnes ont du être relogées ailleurs.
Face aux dépenses colossales auxquelles le gouvernement japonnais a dû faire face, le prix de l'électricité au Japon qui a déjà augmenté de 20% depuis la catastrophe. En France, le choix a été fait de prolonger la durée de vie des centrales de 10 ans. Si François Fillon est élu, cette durée pourrait être prolonger de 20 ans. Le budget alloué à l'entretien du parc nucléaire français devrait augmenter de 100 milliards d'euros pendant les 15 prochaines années selon une estimation de la Cour des comptes.