Mercredi 5 février 2014 : Génération Kalachnikov : l'affaire de la fusillade du Clos La Rose

Le 19 novembre 2010, un jeune de 16 ans est abattu d'une rafale de kalachnikov devant des amis dans la cité du Clos La Rose, à Marseille. Une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants qui a également blessé un enfant de 11 ans.

Jacques Pradel

Crédit : Elodie Grégoire

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Bonjour à tous !

L’émission d'aujourd’hui est consacrée à l’enquête d’un journaliste spécialiste de la criminalité organisée, une enquête au cœur des cités dominées par les nouveaux gangsters.

Ces nouveaux gangsters, qui prennent peu à peu la place des voyous à l’ancienne, sont à la fois plus nombreux et moins connus que les grands anciens du banditisme. Ils sont aussi plus jeunes, plus déterminés et beaucoup plus violents !

Mon invité, Frédéric Ploquin les appelle « la génération Kalachnikov ». Son enquête est une sorte de « Who’s Who » de ces nouveaux parrains et caïds.
Il a voulu savoir ce qu’ils disent d’eux-mêmes et ce qu’ils font de leurs millions. Savoir aussi comment les voyous d’hier les considèrent et ce qu’en pensent les policiers qui les traquent et les magistrats qui les condamnent.

Avec lui nous revenons sur deux affaires qui ont fait la une de l’actualité: le braquage de la bijouterie Harry Winston à Paris en décembre 2008, et la fusillade du Clos La Rose, une cité de Marseille où un adolescent de 16 ans a été tué et un petit garçon de 11 ans gravement blessé à la Kalachnikov, en novembre 2010.

Jacques Pradel

C'est à cet endroit qu'a été tué, en novembre 2010, un jeune de 16 ans

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19 novembre 2010, aux alentours de 22h. Cité du Clos La Rose, dans le 13ème arrondissement au Nord de Marseille.
Deux véhicules, avec à leur bord plusieurs individus, débarquent au pied de l'immeuble 41, connu pour être la plaque tournante du trafic de drogue dans cette cité. Au pied du "41" : Jean-Michel Gomez, un petit trafiquant de 16 ans. Il est immédiatement pris pour cible et s'effondre sous une rafale de kalachnikov. Il mourra un peu plus tard à l'hôpital.
Les véhicules poursuivent leur chemin dans la cité et ouvrent le feu, un peu plus loin, sur l'entrée d'un immeuble où se trouvent deux enfants. L'un d'eux, un garçon de 11 ans, est touché au cou, au bras et à la jambe. Les deux voitures prennent ensuite la fuite sur l'autoroute. Les tirs continuent. Un automobiliste est blessé.

Les voitures seront retrouvées plus tard, carbonisées, près d'Aix-en-Provence. A leur bord : plusieurs kalachnikovs abandonnées.

Le mobile de ce crime est clair et tragiquement banal. Il s'agit d'un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants.

Une patrouille de police en novembre 2010 au Clos-La Rose à Marseille

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La violence des faits et l'âge des victimes choquent. L'affaire fait grand bruit et va déclencher une série d' "opérations coup de poing" dans les cités de la ville.
Brice Hortefeux, alors Ministre de l'Intérieur, se rend rapidement à Marseille et annonce un renforcement des effectifs policiers à Marseille pour lutter contre la circulation des armes et l'économie souterraine. Le Ministre annonce la mise en place de deux unités de force mobile supplémentaires, soit environ 150 hommes, le renforcement du Service départemental d’information générale par cinq policiers spécialisés dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et l'arrivée de 117 adjoints de sécurité. Ces mesures, jugées insuffisantes, sont critiquées par l'opposition et certains syndicats policiers.

Un an plus tard, six personnes sont placées en garde-à-vue dans le cadre de cette affaire. Parmi elles, deux frères bien connus des services de police et incarcérés à ce moment-là à la prison des Baumettes pour une affaire de stupéfiants : Nicolas et François Bengler.
Les hommes mis en garde-à-vue sont également soupçonnés de la disparition de Redouane Djouder, un trafiquant de drogue de 41 ans, proche du clan Bengler et dont le corps n'a jamais été retrouvé...