Bonjour à tous !
A la une de L’Heure du Crime aujourd’hui, une adresse de
sinistre mémoire : 93 rue Lauriston, l’adresse à Paris de la Gestapo française
pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
L’occupation n’a pas été une défaite pour tout le monde. Les quatre années de guerre ont même été, d’une certaine manière, l’âge d’or de la
pègre, pour plusieurs centaines de voyous libérés des prisons où ils purgeaient
leurs peines.
Celui qui a sélectionné cette sinistre bande de malfrats à
la solde des nazis s’appelait Henri Lafont, un ancien taulard de peu
d’envergure. Dans le milieu, on l’appelait "Monsieur Henri".
Avec son bras droit, un ancien "meilleur policier de
France", l’inspecteur Pierre Bony, ils ont pendant quatre ans traqué les Juifs et les résistants, braqué, pillé, tué, torturé, et amassé un butin
considérable en toute impunité.
Le siège social de cette organisation mafieuse qu’on
appelait aussi la "Carlingue", était un hôtel particulier situé
dans le 16ème arrondissement de Paris, au 93 rue Lauriston.
Avec
mon invité, David Alliot, qui a mené l’enquête, nous ouvrons ce dossier des
années noires de la collaboration.
Jacques Pradel
Orphelin de père à 11 ans et immédiatement abandonné par sa mère, Henri Chamberllin est livré à lui-même dans les rues de Paris. Durant son adolescence, il exerce de nombreux métiers jusqu'à tomber dans la délinquance. A 16 ans, il vole la bicyclette de son patron après un différend et est placé en maison de correction jusqu'à sa majorité. A sa sortie, il intègre le 39ème régiment de tirailleurs algériens. De retour à la vie civile, il se met à voyager à travers la France et devient dépanneur à Marseille où il sera arrêté après qu'on lui ait confié une voiture volée. Il écope de deux ans de prison et de dix ans d'interdiction de séjour. À sa sortie de prison, il s'établit à Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, où il a trouvé un emploi. Sa femme, qu'il avait épousée en détention, vole de l'argent dans le magasin qui emploie Henri. Pour ce vol, il est arrêté, condamné et envoyé au bagne à Cayenne. Il s'en échappe et change de noms à plusieurs reprises pour ne pas être retrouvé.
Arrêté
plus tard pour insoumission, il est envoyé en prison où il fait la rencontre de
deux Allemands et un Suisse, membres de l'Abwehr, une organisation de l'armée
allemande qui fait office de service de renseignement de l'état-major. Les trois
hommes proposent à Henri de travailler avec eux. Ce qu'il accepte. Il se fait
remarquer par Hermann Brandl, agent spécial de l'Abwher, et Wilhem Radecke,
capitaine de la Wehrmacht, qui l'intègrent à la police
allemande.
Au début, cette histoire d’Allemands ne me plaisait guère. Si les gars d’en face, les résistants, m’avaient proposé quelque chose, je l’aurais fait. Il n’y a pas de doute. Et je n’aurais pas fait de cadeaux aux Fritz ! Seulement voilà, à l’époque, des résistants, j’en ai pas connu, j’en ai pas vu la couleur. Je ne savais même pas ce que c’était. C’est à cela que tient le destin d’un homme : un petit hasard, une histoire d’aiguillage. Ou alors c’est la fatalité !
Henri Lafont, à l'un de ses avocats
Ses activités prennent alors plusieurs directions
dont, la lutte contre la Résistance, dans laquelle Henri Lafont excelle avec à
son actif plusieurs réseaux démantelés, grâce notamment à la torture utilisée
pendant les interrogatoires. Il est également actif dans la lutte contre le
marché noir. Une activité très lucrative qui lui permet de mener une grande
vie.
Le problème d'Henri Lafont est qu’il doit partager et
composer avec d’autres gestapistes parisiens. Avec la "bande des
Corses" ou la "gestapo de Neuilly", les frictions sont
constantes et les règlements de compte parfois mortels. La bande de Lafont
finira par arrêter et envoyer en déportation les hommes de Frédéric Martin,
alias Rudy de Mérode, l'un des plus dangereux gestapistes.
A la fin de la guerre, alors que tous les gens
compromis dans la collaboration fuient vers l'Allemagne, Henri Lafont est
confiant et reste en France. Il s’installe dans sa ferme des Baslins à
Bazoches-sur-le-Betz, dans le Loiret. Il laisse derrière lui ses locaux abandonnés
mais compte récupérer une partie du magot accumulé une fois la situation
calmée.
Mais Henri Lafont et sa bande seront dénoncés et
arrêtés. C'est Joseph Joanovici, dit "Le chiffonnier milliardaire",
agent du Komintern, de la Gestapo et soutien du mouvement de résistance
"Honneur de la Police" qui les livre à la police.
Le 30 août 1944, la ferme d'Henri Lafont est encerclée. Lui et ses acolytes sont arrêtés. De l'argent liquide, des bijoux, des armes et des documents sont saisis.
Le procès d'Henri Lafont et de
Pierre Bonny, son second durant la guerre, débute trois mois plus tard. Le 12
décembre 1944, Henri Lafont et huit de ses acolytes sont condamnés à mort.
Le 26 décembre, au moment d’être fusillé au fort de
Montrouge, Henri Lafont aurait adressé ces dernières paroles : " Cela m'est égal de mourir. J'ai vécu dix vies, je peux bien en perdre une. "
Invité : David Alliot, auteur du
livre " Le festin des loups, collabos, profiteurs et opportunistes sous
l’occupation " (Ed. La librairie Vuibert)
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