L'édito de Jacques Pradel
A la Une de l’heure du crime, les 34 ans de combat judiciaire d’André Bamberski, qui avait juré de faire condamner par la justice française celui qu’il considérait comme l’assassin de sa fille Kalinka.
Le 10 juillet 1982, une adolescente de 14 ans, Kalinka Bamberski, qui vit à Lindau, en Bavière, au bord du lac de Constance, avec sa mère française et son beau-père, un médecin cardiologue allemand, Dieter Krombach, est retrouvée morte par celui-ci, dans sa chambre. Version officielle : La jeune fille, est décédée des suites d’une insolation.
Mais André Bamberski mène sa propre enquête. Et il est très vite été persuadé que sa fille a été en réalité, droguée et violée par son beau-père. Il s’est alors juré de faire traduire le Dr Krombach devant la justice française.
Après un enlèvement spectaculaire, en octobre 2009, Dieter Krombach est retrouvé en France, à Mulhouse, pieds et poings liés, à deux pas du Palais de Justice ! Il est finalement condamné en 2011, puis, en appel l’année suivante, à 15 ans de réclusion criminelle, pour "violences volontaires aggravées, ayant entraîné la mort sans intention de la donner."
Cette affaire hors norme vient d’être portée à l’écran dans un film Au nom de ma fille, qui sera en salle à partir du 16 mars prochain. Nous revenons sur l’ensemble de l’affaire avec mes invités, dans un instant.
Le 10 juillet 1982, Kalinka Bamberski, 14 ans, est retrouvée morte à Lindau, chez son beau-père, le Dr Dieter Krombach, chez qui elle passait ses vacances.
Selon lui, la jeune fille serait décédée des suites d'une insolation. Il lui avait injecté, quelques heures plus tôt, une préparation à base de fer et de cobalt qui devait aider la jeune fille à bronzer.
Mais les causes exactes de la mort ne seront jamais établies avec certitude. Malgré des lésions et des traces de sang sur les parties génitales, aucune vérification ne sera faite quant à un potentiel viol. Après l'autopsie, l'affaire a été classée par le parquet de Kempten.
Mais le père de Kalinka, André Bamberski, est persuadé que le Dr Dieter Krombach a volontairement assassiné sa fille. Une nouvelle enquête est lancée en France. Elle conclut qu'il existe des "charges suffisantes contre Dieter Krombach d'avoir volontairement donné la mort à Kalinka Bamberski". Krombach est alors renvoyé devant la cour d'assises de Paris. Il est condamné par contumace à 15 ans de prison en 1995 mais cette condamnation n'est pas assortie d'un mandat d'arrêt international.
Libre en Allemagne, Krombach est condamné, entre 1997 et 2007, à des peines de quelques mois de prison pour des faits de viol puis d'escroquerie.
Ce n'est qu'en 2009 que l'affaire rebondit, lorsque le Dr Krombach est retrouvé ligoté dans une rue de Mulhouse : c'est André Bamberski qui l'avait fait enlever afin que justice soit faite. Le médecin comparaît devant la justice française en 2011, il est condamné à quinze ans de réclusion pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans l’'intention de la donner".
André Bamberski a quant à lui été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir commandité l'enlèvement du Dr Krombach.
Ce pourrait être un roman noir, c’est pire : ce témoignage repose sur des faits réels, bouleversants. La mort inexpliquée, en 1982, d’une jeune fille de quatorze ans, Kalinka Bamberski, à la suite d’une injection pratiquée par le Dr Krombach, un médecin allemand, nouveau compagnon de sa mère.
Le désespoir de son père, qui ne saurait envisager l’innocence de cet homme, trop de zones d’ombre le hantent : une autopsie suspecte, l’affaire bien vite classée en Allemagne, le Dr Krombach reconnu coupable d’un viol sur mineure… Pendant plus de trente ans, André Bamberski ne cessera d’alerter la justice, les politiques et les médias, se heurtant le plus souvent à l’indifférence, et aux inexplicables protections dont semble bénéficier en haut lieu celui qu’il cherche à démasquer. Celui-ci a pourtant été condamné par contumace à Paris en 1995 pour le meurtre de Kalinka, mais ce verdict n’a jamais été accepté outre-Rhin.
Dieter Krombach a finalement été enlevé le 18 octobre 2009 puis livré aux autorités françaises. Verdict des assises : quinze ans de prison. André Bamberski, pour sa part, sera condamné à un an de prison avec sursis pour avoir organisé l’enlèvement du meurtrier de sa fille. Il ne fera pas appel. L’essentiel, pour lui, est que la mémoire de Kalinka émerge enfin des marécages de l’iniquité.
André Bamberski, père de Kalinka. Son livre Pour que justice te soit rendue vient d’être réédité sous le titre Au nom de ma fille aux Editions Michel Lafon ; Jean-Alphonse Richard ; chef du service Police-Justice d’RTL ; Me François Gibault, avocat au barreau de Paris. Il fut l’avocat d’André Bamberski depuis 1986 ; Vincent Garenq, réalisateur du film Au nom de ma fille inspiré du livre d’André Bamberski. En salle à partir du mercredi 16 mars. (Avec Daniel Auteuil dans le rôle d’André Bamberski, Marie-Josée Croze dans le rôle de son ancienne compagne et Sébastian Koch dans celui de Dieter Krombach.)
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