Karidja Touré : la révélation de "Bande de filles" bientôt à Hollywood ?

"Petite, je rêvais de jouer dans Harry Potter", avoue la Parisienne de 21 ans lors d'une interview pour Le Monde, il y a tout juste un an. Le film Bandes de filles de Céline Sciamma, dans lequel elle tient le premier rôle, allait alors faire sensation lors de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Depuis, elle a été nominée pour les Césars 2015 dans la catégorie Meilleur Espoir Féminin, et ce n'est que le début de la gloire. Le film fait le tour du monde, et sa bande de filles aussi : Grande Bretagne,  États-Unis, Sénégal, Émirats... La presse internationale est tombée amoureuse de la douceur et de la simplicité de Karidja. Pourtant, il y a deux ans encore, elle n'aurait jamais osé se présenter à un casting. 

J'ai des cousins et des amis qui vivent en banlieue, et on sait très bien ce qui s'y passe. Les Blancs ne le voient peut-être pas, mais quand on est Noir, on sait.

Karidja Touré

D'origine sénégalaise, celle qui a su charmer des cinéphiles partout dans le monde dans le rôle de Vic, n'a pas grandi en banlieue mais dans un HLM du 15e arrondissement de Paris. Reste que, se mettre dans la peau de son personnage n'a pas été un problème : "J'ai des cousins et des amis qui vivent en banlieue, et on sait très bien ce qui s'y passe. Les Blancs ne le voient peut-être pas, mais quand on est Noir, on sait", raconte la jeune femme au site britannique The Debrief. Et l'histoire de Vic lui rappelle aussi son propre vécu : "Quand on est en 3e, on a l'impression que les profs veulent tous que les Arabes et les Noirs aillent en professionnel. On ressent tous cela ! Moi, on ne m'a pas proposé de CAP, mais je l'ai senti aussi… On m'a orientée en bac pro, mais j'aurais peut-être aimé rester avec mes copines, alors que d'autres, avec les mêmes notes que moi, sont allés en général…".

Des débuts inattendus

Tout commence au printemps 2013, alors qu'elle est à la Foire du Trône avec des copines pour fêter son BAFA (Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur) fraîchement obtenu. Le rêve devient réalité, lorsqu'une femme l'approche pour lui dire qu'elle a été repérée pour le casting d'un film. Le cinéma, ça la faisait déjà rêver, mais elle n’osait pas y croire : "Je feuilletais les annonces de castings, mais sans jamais penser que ce pouvait être pour moi. Il me semblait que les rôles, de toute façon, étaient toujours pour les Françaises, sauf quand il était précisé qu'on voulait une Africaine." Au journal britannique The Guardian, elle confie : "Quand on regarde le cinéma et le marché du luxe en France, on ne voit que des visages blancs, et c'est tout ce que l'on trouve. C'est dur pour tous les autres, et c'est une vision complètement erronée !" Un état de fait qui s'est un peu bousculé lorsque les affiches de Bande de filles ont envahi les panneaux d'affichage. Espérons que ce n'est qu'un début. 

J'arrive à garder un pied dans la réalité et un pied dans l'univers du ciné

Karidja Touré

C'est vrai, depuis cette Foire du Trône, il y a deux ans, la vie de Karidja a changé. Mais elle continue à faire ce qu'elle faisait avant : "Aller en cours, prendre le métro... Donner des interviews, voyager, faire des shootings pour des magazines, ce sont des choses nouvelles que j'apprécie énormément. Mais j'arrive à garder un pied dans la réalité et un pied dans l'univers du cinéma",  confie-t-elle à Metronews. Aujourd'hui, Karidja fait un BTS d'assistante de direction qu'elle compte bien terminer cette année. Elle prévoit même de faire une licence d'anglais l'année prochaine. "C'est vrai que j'en ai énormément envie, d'être actrice, mais on ne sait jamais..."