Mauvaise nouvelle côté santé. Selon des chiffres rendus publics le 29 novembre par l'agence Santé publique France, l'infection par le virus du sida, le VIH, se maintient toujours à un niveau élevé en France chez les homosexuels. Par ailleurs, ces derniers restent également les plus touchés par l'explosion des infections sexuellement transmissibles, en raison d'une baisse de l'utilisation du préservatif comme moyen de prévention.
L'étude révèle qu'en 2015, sur les quelque 6.000 découvertes de séropositivité, près de 2.600 concernaient des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, soit 43 % de la totalité des nouveaux cas. Cela concernerait des individus principalement nés en Afrique subsaharienne et dont beaucoup ont été infectés en France. "Le nombre de découvertes de séropositivité ne diminue toujours pas chez les HSH [hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, appellation déterminée par l'Organisation mondiale de la santé, ndlr] contrairement à ce que l'on observe chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, qu'ils soient nés en France ou à l'étranger", explique l'agence.
En parallèle, ces HSH sont également la population la plus touchée par les infections sexuellement transmissibles (IST), avec une hausse de 100 % des infections par le gonocoque, de 56 % des cas de syphilis précoces et 47 % des infections bactériennes rectales (dites LGV). La période étudiée étant comprise entre 2013 et 2015. L'agence indique également que plus de 80 % des syphilis et près de 70 % des gonococcies diagnostiquées en 2015 ainsi que la quasi-totalité des LGV rectales touchaient les HSH.
Selon les résultats de l'étude, cette augmentation massive des IST chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes est liée à "une hausse des comportements à risque", et au recul de l'utilisation du préservatif. Les chercheurs relèvent que, bien que très largement recommandé, il n'est plus "le seul outil de prévention". Un traitement préventif du sida, appelé prophylaxie pré-exposition (PrEP), existe et peut, depuis la fin de l'année 2015, être prescrit à l'hôpital aux HSH à risque d'infection élevé. Cependant, ce type de traitement n'est efficace que contre le virus VIH, et ne permet pas d'échapper aux infections telles que la syphilis.
L'agence note également "une utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH séropositifs observée dans les études comportementales depuis plusieurs années". À ce titre, elle encourage la mobilisation de "l'ensemble des outils de prévention", afin d'enrayer l'explosion des infections. Du préservatif au PrEp en passant par le dépistage régulier du VIH, IST et hépatite C, proposé dans de nombreux établissements hospitaliers.
Si l'agence sanitaire souhaite que les médecins prescrivent davantage de tests de dépistage du VIH à leurs patients, elle reconnaît qu'il y a du mieux en termes de précocité des diagnostics : 39 % de tous les cas de séropositivité sont désormais détectés à un stade précoce, un chiffre qui monte à 49 % chez les HSH.
En parallèle, les trois-quarts des cinq millions de sérologies VIH réalisées en France en 2015 l'ont été par des laboratoires de villes. Les tests rapides, appelés TROD, proposés par les associations à certaines populations échappant au dépistage, tels les migrants par exemple, se sont stabilisés aux alentours de 62.000, comme en 2014. Près de 90.000 auto-tests de dépistage ont également été vendus en pharmacie entre septembre 2015 et septembre 2016.
Le nombre de nouveaux cas d'infection par le VIH est de 89 par million d'habitants. Cependant, certaines régions sont plus affectées que d'autres. La Guyane étant la plus touchée. L'Île-de-France arrive tout de même en quatrième position avec quelque 2.500 nouveaux cas dépistés chaque année. Cela représente 42 % des découvertes de séropositivité en France, alors que la région ne rassemble que 18 % de la population française.
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