Florence Robine : "Nous voulons justement dénoncer les stéréotypes"
REPLAY - La directrice générale de l'Enseignement scolaire, Florence Robine, explique comment fonctionne l'enseignement civique et moral qui est déjà critiqué.
RTL révélait ce matin certaines thématiques de l'enseignement moral et civique, assez ubuesque selon certains. Par exemple, une séance est censée lutter contre les discriminations sexistes et les stéréotypes en classe de 3e. Concrètement, le prof parle d'hommes avec des caractéristiques de femmes et de femmes avec des caractéristiques d'hommes. Billy Eliott fait de la danse et Laurence Parisot ou Angela Merkel ont des rôles masculins de pouvoir. En dénonçant ces caractéristiques ne les renforce-t-on pas ?
La directrice générale de l'Enseignement scolaire, Florence Robine ne pense pas que ce soit le cas, contrairement à d'autres. "On ne peut pas accuser à la fois le ministère de l'Éducation d'avoir trop fait sur l'égalité fille-garçon et là nous accuser de sexisme. Il s'agit de parler à des jeunes enfants et faire émerger certaines représentations. Il arrive que les enfants associent le pouvoir plutôt aux hommes ou pensent que les filles font de la danse. Ce que nous voulons faire c'est que les enfants puissent exprimer ce qu'ils ont dans l'esprit et faire émerger d'autres figures. C'est justement pour dénoncer les stéréotypes. Quand on va parler du métier de sage-femme ou de conducteur d'engins, les enfants vont associer plus spontanément ceux-ci à un homme ou à une femme."
L'idée n'est pas d'imposer des réponses toutes faites mais de les laisser s'exprimer et les amener à réfléchir
Florence Robine, directrice générale de l'Enseignement scolaire
"Ces outils ne sont pas maladroits, au contraire. Ils sont tout à fait adaptés à l'âge des enfants pour éviter que des stéréotypes s'installent. On ne surligne pas les stéréotypes, on laisse s'exprimer les représentations qu'ont les enfants dans la tête et on leur dit que le monde est plus compliqué que ça. Que les idées toutes faites que l'on peut avoir, il faut les travailler".
Un autre outil pose la question "Le dopage est-il tricher ?" sur quatre séances. Quelle réponse attend-on des enfants à cette question ? Pour Florence Robine, la question n'est pas d'avoir une réponse. "Il s'agit d'un enseignement moral et civique. L'idée n'est pas d'imposer des réponses toutes faites mais de les laisser s'exprimer et les amener à réfléchir. L'idée est de construire un jugement comme on le fait en philosophie à des âges beaucoup plus avancés. On veut leur faire comprendre qu'il y a des droits, des devoirs, des règles à respecter. On veut aborder la façon de se conduire. Est-ce qu'on triche ou pas ? Comment on se conduit avec les animaux ? Comment on respecte les différences ? On commence par proposer ça à partir d'une question concrète.
On ne va pas faire de la philosophie avec un enfant de CE2. La question de tricher et donc de se poser des dilemmes moraux fait partie du cœur de l'activité pédagogique autour de l'enseignement moral et civique. Nous parlons à des enfants donc il faut des situation concrètes qui leur parlent. Nous n'allons pas faire un cours théorique sur la tricherie en disant c'est bien ou c'est mal. Ce que nous voulons c'est que les enfants réfléchissent, qu'ils débattent entre eux, qu'ils soient capables d'argumenter, de s'écouter les uns les autres et ensuite de produire un jugement collectif. Donc il faut des situations concrètes."
A quand un bilan de cet enseignement ? "Ces outils sont dans les mains des enseignants et nous en ferons le bilan tout au long de l'année scolaire. Nous aurons une deuxième vague de production d'outils qui permettra d'aller un peu plus loin sur ces questions fondamentales de valeur morale, de citoyenneté et de construction du jugement" conclut Florence Robine.
