Essai thérapeutique à Rennes : "Les doses ont été augmentées trop rapidement vers la fin", estime Bernard Bégaud président du groupe d'experts

Les experts appelés à se pencher sur l'accident lors de l'essai thérapeutique mené à Rennes (Ille-et-Vilaine) sont formels : le laboratoire Biotrial n'a commis aucune erreur. Le drame survenu en janvier lors de l'essai clinique de Rennes est "clairement lié" à la toxicité de la molécule du laboratoire portugais Bial qui était testée, confirment les experts dans leur rapport final. Cet accident "inédit", qui a fait un mort parmi les volontaires, apparaît "clairement lié à la molécule testée", écrit le groupe d'experts mis en place par l'Agence du médicament (ANSM). "L'hypothèse la plus vraisemblable retenue est celle d'une toxicité propre de la molécule".

Les douze experts estiment qu'il n'y rien d’illégal a priori dans cet essai de médicament. Le laboratoire de Rennes, Biotrial, a bien respecté le protocole, validé par les autorités de santé. Rien ne permettait de prévoir une telle issue, puisque les premiers tests sur les animaux n'avaient pas montré que la molécule pouvait être à ce point dangereuse. 

C'est une accélération, vers la fin, à un moment où l'on devrait être plus prudent, parce que l'on est dans une zone à risque.

Bernard Bégaud président du groupe d'experts

En revanche, les experts s'interrogent sur les dosages qui étaient de plus en plus forts. "Les doses ont été augmentées trop rapidement vers la fin. On est passé de 20 mg à 50 mg. C'est une accélération, vers la fin, à un moment où l'on devrait être plus prudent, parce que l'on est dans une zone à risque. Là, au lieu de ralentir, on a accéléré", explique Bernard Bégaud qui a présidé le groupe d'experts. 

Étrange donc, mais pas illégal. En effet, l'augmentation des doses est prévue par les protocoles internationaux de test de médicaments, c'est pourquoi le comité d'expert préconise de les modifier, de mieux encadrer les tests, pour éviter un autre drame.