L'un des plus grands parcs éoliens de France va être inauguré la semaine prochaine dans l'Aube. Ce sera peut-être aussi l'un des derniers. C'est ce que craignent ceux qui installent ces éoliennes. Le projet, près de Romilly-sur-Seine, a été validé il y a huit ans. "Aujourd'hui, il ne passerait jamais, on aurait jamais eu le permis", expliquent les professionnels de la filaire. Le problème, ce sont les contraintes qu'impose désormais l'armée française. Les militaires mettent des bâtons dans les pales.
En fait, pendant des années, des champs d'éoliennes ont poussé sans que l'Armée ne s'alarme, à partir du moment où deux règles étaient respectées. Si vous voulez installer une éolienne, il faut être hors d'un rayon de 30 kilomètres autour d'un radar et il ne faut pas se trouver dans les couloirs d'entrainement de l'Armée de l'air.
Les règles ne sont pas si claires. Car au-delà de ces deux principes, tout projet de parc éolien est soumis à l'avis du ministère de la Défense. Cet avis n'est que consultatif. En réalité, à chaque fois que l'Armée dit "non", aucun préfet ne passe outre et ne délivre de permis de construire.
Les éoliennes menacent-elles effectivement notre sécurité nationale ? Même les pro-éoliennes le reconnaissent : les pales géantes entravent les capacités des radars militaires et civils (les radars de la météo, par exemple). Maintenant, les éoliennes qu'on construit peuvent atteindre 150, voire 200 mètres de hauteur (en comptant le mât) pour la dernière génération. Les calculs des radars peuvent être altérés.
L'autre souci pour l'Armée, ce sont les vols des hélicoptères. En fait, la Défense a été débordé par le développent de l'éolien qu'elle n'a pas anticipé. "Les éoliennes se multiplient et elle n'arrêtent pas de grandir", disent les militaires qui donnent de moins en moins d'avis favorable. "On ne peut pas arrêter le progrès. On a besoin de monter plus haut pour aller chercher tous les vents, pour mieux produire", répondent les ingénieurs.
Le problème, c'est que la France s'est fixé des objectifs en matière d'éolien. Elle s'est engagée à augmenter son parc. L'objectif est meme ambitieux. Un chiffre : aujourd'hui, l'éolien fournit de l'électricité à 9,5 millions de Français. D'ici 2020, il faudrait que ce soit le double, si Paris veut respecter son engagement auprès de l'Union européenne.
Il va donc falloir rapidement que la filière éolienne et l'Armée Française enterrent la hache de guerre.