L'île de Saint-Hélène est un caillou volcanique qui a poussé au milieu de l'océan Atlantique, entre le Brésil et l'Angola. En attendant l'avion, en février 2016, il faut y aller en bateau. Comptez cinq jours de mer depuis le Cap, en Afrique du Sud (six pour repartir, avec les courants). C'est un voyage hors du temps. L'île est restée telle que l'Empereur déchu l'a vue quand les Anglais l'ont débarqué le 15 octobre 1815. Vous pourrez même retrouver les flaques d'eau des gravures d'époque : elles n'ont pas bougé en 200 ans. À part l'Internet (hyper-lent et hyper-cher) et les téléphones portables - qui ne fonctionnent qu'entre les 4.500 habitants du lieu -, Sainte-Hélène est restée hors du monde.
Pourquoi a-t-on mis autant de temps à construire un aéroport ? Il n'y a rien de plat à Saint-Hélène. Construire une piste d'atterrissage était un défi coûteux. Il a fallu abattre une montagne et combler une vallée. L'aéroport dont on parlait depuis des décennies est maintenant terminé. Il devrait être homologué en février.
Après, les habitants de Saint-Hélène vont découvrir des touristes parfois ivres et exigeants, des boutiques de babioles napoléoniennes. Pour l'instant vous ne pouvez pas repartir avec un bicorne. Rien n'est prêt pour les touristes. Sauf la maison de Longwood.
Saint-Hélène n'est quand même pas une destination avec cocotiers et farniente
Michel Dancoisne-Martineau, consul honoraire de France
Depuis trente ans, la bicoque ou Napoléon est mort est gardée par le consul honoraire de France, Michel Dancoisne-Martineau. "Actuellement, on a à tout casser cinquante Français par an. On devrait en avoir facilement 2.000 dans la première année", explique-t-il. Ce n'est pas par hasard que les Anglais ont choisi Sainte-Hélène pour les six dernières années de Napoléon. Il n'y a aucune plage, mais des falaises noires. Mieux vaut prévenir.
"Saint-Hélène n'est quand même pas une destination avec cocotiers et farniente. Géologie, climat : c'est une île dramatique au possible. On n'est pas du tout dans le flamboyant, le beau ou l'Empire", affirme Michel Dancoisne-Martineau. "On est vraiment dans l'Empereur redevenu humain et vivant le drame de la déchéance et de la chute", ajoute-t-il.
"La maison de Longwood permet vraiment de comprendre comment l'un des hommes les plus puissants de l'Histoire du monde a fini par grossir, tomber malade, puis mourir à 51 ans, le 5 mai 1821", précise Thierry Lentz le directeur de la Fondation Napoléon, qui a financé la rénovation de la maison propriété de l'État français.
Il n'y a qu'en faisant le voyage à Sainte-Hélène, en bateau (ou bientôt en avion donc), qu'en entrant dans la chambre noire de Longwood, que vous pourrez sentir "l'odeur de l'ennui" qu'a subi l'Empereur foudroyé.
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