ÉDITO - Paris 2024 : de la négociation ou du racket ? William Galibert revient sur les primes JO

Quand JO rime avec jackpot. Les primes pleuvent pour les policiers, les éboueurs, les fonctionnaires qui seront mobilisés pour cet événement. Et sur le podium provisoire, on retrouve les policiers, médaillés de bronze, qui vont avoir entre 1.000 et 1.600 euros de prime. La médaille d'argent revient à la RATP avec jusqu'à 1.700 euros bruts pour les agents en station, jusqu’à 2.500 pour les cadres. Et médaille d’or pour les soignants des hôpitaux de Paris, qui vont toucher entre 800 et 2.500 euros par semaine. 

Ce podium reste provisoire. Les policiers municipaux n’ont pas dit leur dernier mot. Les syndicats ont déposé un préavis de grève. Et puis, les éboueurs tentent toujours le doublé, avec prime et augmentation de salaire, attention au claquage ! Il faut quand même dire que les Français n'ont rien inventé. 

"Une épreuve pré-olympique classique"

Pour les JO de Londres en 2012, il y avait eu des primes en pleine cure d'austérité. À peu près 1.000 euros pour les employés du métro. En plus, le gouvernement de David Cameron s'était engagé sur un plan à plus de 7 milliards d’euros pour moderniser les structures.

 À Rio en 2016 aussi, on avait eu un combo, grève sur les chantiers et grève dans les transports. La même chose est arrivée à Athènes également. À part les Jeux de Pékin où personne n’a osé bouger le petit doigt et on comprend pourquoi, c’est devenu une épreuve pré-olympique classique ! 

Que faut-il penser ?

Une prime pour surcroît d’activité ou pour décaler, raboter ses vacances en famille, qui ça peut vraiment choquer ? Moi, après une campagne présidentielle, j'ai déjà passé une tête dans les bureaux de la direction... avec plus ou moins de succès. Ce qui est choquant, c’est quand ça vire au chantage, aux menaces, c’est quand ça revient à dire "c’est ça ou bien on va vous pourrir vos Jeux". 

C'est quand là, certains syndicats de policiers municipaux, par exemple, n’hésitent pas à dire qu’ils ont le relais de la flamme olympique dans le viseur. Ce qui est choquant, c’est de voir que les conditions d’un dialogue social à peu près normal sont tellement inexistantes qu’on peut en arriver là. C'est aussi un tango à deux entre les représentants des salariés et les directions ou les autorités de tutelle. 

Quand les soignants se sont mis d'accord avec l'AP-HP, il y a plus de six mois, qui va dire que ce n’est pas normal ou qu’on leur donne trop d’argent ? Ceux qui jouent la confrontation permanente doivent faire attention au retour de bâton. Pour la Coupe du monde 1998, les pilotes de ligne avaient joué à ce petit chantage. À quelques jours de la compétition, l’opinion publique était tellement furieuse qu’ils avaient fini par aller se cacher et accepter les propositions qu’ils refusaient quelques jours avant...