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ÉDITO - Missak Manouchian au Panthéon : Alba Ventura salue "un homme qui a donné sa vie pour la France"
Ce lundi, Alba Ventura revient sur l'entrée au Panthéon du résistant arménien Missak Manouchian, "un homme qui s’est battu pour la liberté".
Le groupe Manouchian, l'un des mouvements les plus actifs de la Résistance
Crédit : AFP
Toute la classe politique a salué la décision d'Emmanuel Macron de faire entrer au Panthéon Missak Manouchian, héros de la résistance, ainsi que son épouse Mélinée. Une annonce qui a eu un effet de surprise, parce qu’on n’en parlait pas comme pour Simone Veil ou Joséphine Baker, même si cette panthéonisation était dans les tuyaux. Et puis le 18 juin c’est le jour où l’on célèbre le Général de Gaulle, donc effectivement ça a été une surprise.
Et ça ne suscite aucune opposition, parce que célébrer Missak Manouchian, l’enfant d’immigré arménien, le militant communiste, figure de la résistance étrangère, celui que les nazis voulaient présenter comme un terroriste et qui est devenu un héros, c’est d’abord célébrer la Résistance. La Résistance, comme une valeur. La Résistance qui n’est ni de gauche, ni de droite. On sort de la rivalité entre gaullistes et communistes. Et même si chacun peut avoir son interprétation, des hommes comme Manouchian, tout le monde est d’accord pour les célébrer.
Cela aurait dû être fait depuis bien longtemps, parce que voilà un homme qui s’est battu pour la liberté. Voilà un homme qui se sentait redevable vis-à-vis de la France qui l’avait accueilli après le génocide arménien. Voilà un homme qui a donné sa vie pour la France.
Pourquoi le faire à ce moment là ?
Tous les présidents ont toujours convoqué l’Histoire pour envoyer des messages. Les chefs d’État pensent qu’il y a toujours un bénéfice à faire du mémoriel. Parce que c’est de l’ordre de la symbolique, Emmanuel Macron n’échappe pas à la règle. Quand il a un trou d’air il va chercher du côté de l’Histoire. Au Mont Saint-Michel il y a deux semaines, Emmanuel Macron avait célébré la France éternelle, pour tenter de reprendre de la hauteur. Ça ne répare rien mais ça donne une autre tonalité.
Ce sont des images fortes, comme Nicolas Sarkozy au plateau des Glières, comme François Mitterrand et Helmut Khol à Verdun, c’était l’image de la réconciliation. Comme le discours de Jacques Chirac au Vel' d’Hiv’, ce sont des images pour dire que l’on peut s’accorder, qu’il peut y avoir des sujets qui rassemblement et non pas qui séparent. C’est d’ailleurs un des points que soulève Richard Ferrand l’ancien président de l’Assemblée dans Le Figaro ce lundi matin, lorsqu’il appelle "à rechercher un moment d’unité nationale".
Ce n’est pas un hasard si un des piliers de la macronie s’exprime dans la presse ce lundi, après la dure bataille de la réforme des retraites qui va laisser des traces pour longtemps, alors que le gouvernement est en pleine préparation de la loi Immigration, et pile au moment où le président annonce l’entrée de Missak Manouchian au Panthéon. Manouchian est un sujet de concorde, au moment où l’on parle tant de "décivilisation". Ferrand, c’est celui qui vient mettre une deuxième couche sur le besoin de consensus. C’est bien de le marteler, mais c’est loin d’être gagné.
