Expert-psychiatre auprès de la cour d'appel de Paris, Daniel Zagury a vu passer tous les cerveaux les plus sombres du pays, dont Guy Georges et Michel Fourniret. Au vu des premiers éléments de l'enquête révélés par le procureur de la République de Marseille ce mardi 26 mars, il tente d'expliquer ce qui a pu traverser l'esprit d'Andreas Lubitz pour vouloir délibérément écraser l'avion qu'il pilotait.
"On peut emmener un grand nombre de gens dans sa mort dans ce que l'on appelle un suicide de masse, éclaire Daniel Zagury. Au fond il y a le désespoir et la haine, et une représentation centrale d'un suicide apothéotique : 'Je meurs mais j'emmène le plus de gens possible avec moi dans ma mort, et j'entre dans l'histoire par ce geste grandiose'."
Il y a un côté mégalomane
Daniel Zagury, expert-psychiatre, à propos du copilote de l'avion qui s'est écrasé
Daniel Zagury confirme donc qu'il y a un côté "mégalomane" à ce type d'actes. Quant à savoir si son geste était calculé ou non, Daniel Zagury ne croit pas à un coup de sang du copilote. "Il paraîtrait étonnant que ce soit dans l'agissement impulsif du moment, ça ne me paraît pas l'hypothèse la plus probable."
Pouvait-on prévoir ce type de catastrophe avec des signes avant-coureurs ? "À chaque fois qu'il y a ce type d'actes, les témoins, les proches, s'interrogent comme avec les frères Kouachi par exemple, 'on n'avait rien décelé', 'on n'avait rien vu' ou alors 'il était calme'. Mais on peut parler calmement car on est déjà mort dans sa tête. On est tellement déterminé, tellement polarisé, que ça ne se voit pas. Il y a donc deux hypothèses. Soit il y avait effectivement des signes avant-coureurs, soit il y a des processus beaucoup plus lents masqués aux yeux des autres."