Le policier mis en cause dans l'affaire Théo est-il un habitué des interpellations violentes ?Le jeune homme de 22 ans, hospitalisé depuis le 2 février après avoir été pénétré par une matraque télescopique, pourrait bien ne pas être le seul. Une enquête préliminaire a d'ailleurs été ouverte mardi après de nouvelles accusations de violences.
Selon un témoignage publié par L'Obs et RTL, un de ses amis, qui décrit Théo comme quelqu'un "qui n'a pas de problème avec la police", raconte avoir également été violenté par ce même policier à Aulnay-sous-Bois. S'il a décidé de ne pas porter plainte dans un premier temps, Mohamed K., 22 ans également, affirme sur RTL avoir changé d'avis depuis l'affaire Théo. Il résume la scène : "J'ai vu un petit de la cité courir, avec derrière lui un homme de grande taille, vêtu d’un manteau à capuche avec de la fourrure (...) Il a fait une balayette au petit à cinq mètres de moi, je suis intervenu, j’ai demandé ce qu'il se passait".
Ils me crachent dessus
Mohamed K, ami de Théo
Le policier en question ne serait autre que celui déjà mis en examen pour viol lors de l'interpellation de Théo. Mohamed K., qui venait de décrocher un emploi de livreur poursuit alors sa route avec un de ses amis. "Et je vois sur mon chemin deux policiers, dont l’homme à la capuche. Ils me disent 'viens là, toi aussi on va te fouiller', j’ai répondu que je voulais juste aller acheter ma baguette et rentrer chez moi, mais ils ont insisté", poursuit-t-il.
Mais là encore, le contrôle aurait pris une violente tournure. Selon son témoignage, le jeune homme est emmené dans un hall d'immeuble. Croche-patte, violence... Mohamed K. reçoit plusieurs coups "au visage", "dans le ventre", "dans le dos". "Je saigne parce qu'il m'ouvre le crâne, je leur dis que je suis essoufflé, ils me traitent de "sale noir", de 'salope', ils me crachent dessus", raconte-t-il expliquant que deux policiers sont présents dans le hall. "À ce moment-là, oui j'ai peur", dit-il au micro de RTL. L'interpellé poursuit son récit de cette scène qui aurait duré 30 à 40 minutes : "Les agents me menottent, me balayent au sol, m’écrasent la tête, me donnent des coups de genoux dans les yeux, je voyais mon sang au sol, j’essayais de ramper."
On le connaît dans le quartier, tout le monde l’appelle 'Barbe Rousse'
Mohamed K, ami de Théo
Si les habitants sont désabusés, choqués, personne ne bouge. Les policiers auraient même sorti leur flashball pour éviter tous débordements. Il faut dire que l'un des policiers est bien connu dans le quartier, selon Mohamed K. : "On le connaît, c’est le même que celui qui a pénétré Théo avec sa matraque, tout le monde l’appelle 'Barbe Rousse'".
Affaibli, le jeune homme est embarqué par les forces de l'ordre après de nouvelles insultes racistes. "J’avais du mal à respirer, et je ne comprenais pas ce que je faisais là", détaille le principal intéressé qui était en garde à vue pour "outrage et rébellion". Emmené au service médico-judiciaire de l'hôpital Jean-Verdier à Bondy, Mohamed K est ausculté par un médecin mais également une infirmière : "On me fait un bain de bouche, on m'essuie le sang, on me donne un Doliprane. Je supplie de ne pas retourner en garde à vue, une infirmière me soutient". Le visage tuméfié, les pommettes gonflées... Le jeune homme aurait reçu cinq jours d'interruption temporaire de travail mais est bien renvoyé au commissariat.
Face à ces nouvelles révélations, le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a saisi ce mardi 14 février l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Ce sont des accusations graves portées sur le même fonctionnaire, qui méritent que l'on fasse évidemment toute la lumière. Immédiatement informé, le ministre a saisi l'IGPN", a relaté à l'AFP, le porte-parole du ministère Pierre-Henry Brandet.
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