Sans son intervention et son courage, la folie meurtrière d'Amedy Coulibaly aurait sans doute eu des conséquences autrement plus dramatiques. Le 8 janvier, au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, Laurent, un agent de la voirie, croise la route du terroriste alors qu'il intervient sur un banal accrochage entre deux voitures à Montrouge, près de Paris.
Amedy Coulibaly, qui n'est pas encore le tueur de l'Hyper Cacher, surgit armé d'une kalachnikov et tue la policière présente sur place, Clarissa Jean-Philippe. "Au départ, j'ai cru que c'était une arme factice, ça faisait des espèces d'étincelles au bout du canon, type feu d'artifice, donc ça faisait vraiment factice", raconte le héros méconnu des attentats qui ont frappé la France en janvier dernier. "J'ai cru que c'était une blague, j'ai tapé doucement sur le canon et j'ai dit que ce n'était vraiment pas une blague à faire au lendemain de Charlie Hebdo. C'est là que je tourne la tête et que je vois mon collègue qui a déjà le visage totalement déformé et Clarissa qui est déjà à terre", détaille-t-il.
Il m'a regardé, je l'ai regardé et là il m'a dit : 'Tu veux jouer, tu vas crever'
Laurent, face à Amedy Coulibaly
Là, Laurent comprend que cela n'est pas une simple blague. "Je me suis retrouvé nez à nez avec Coulibaly qui allait diriger son arme vers mon collègue et moi. Je lui ai sauté dessus, j'étais accroché à sa Kalachnikov. C'était sauvage", explique-t-il pensant vivre ces derniers instants. "Il m'a regardé, je l'ai regardé et là, il m'a dit : 'Tu veux jouer, tu vas crever', se souvient-il. Je pensais qu'il allait me finir. Il m'a mis en joue et là, le pistolet s'est enrayé, sinon je ne serai plus là".
Le héros anonyme regrette cependant une chose : ne pas avoir eu cette reconnaissance pour reprendre le cours de sa vie. "Pendant un mois, les gens sont proches de vous, sont choqués. Puis après, tout le monde reprend une petite vie normale. Et vous, vous faites quoi ?", questionne-t-il. Dix mois après les attentats, cet héroïsme a enfin été salué par le préfet des Hauts-de-Seine. Laurent, ainsi qu'un autre agent de la voirie et un policier municipal, ont été décorés de la médaille d'or de la sécurité intérieure. "Moi, ce qui m'aurait aidé, c'est que l'on vienne me dire avant que cette action a sauvé des vies. C'est un truc que j'avais besoin d'entendre il y a dix mois. Maintenant c'est tard et ça, psychologiquement, ce n'est pas réparable", regrette-t-il.
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