"Je suis passé d'une vie normale à une vie d'enfer
en une fraction de seconde. Mon nom de famille a été sali, je fais l'objet de
parodies, de blagues". C'est dans une lettre envoyée aux juges, en
charge du dossier des attentats du 13 novembre, que Jawad Bendouad, le logeur
de Saint-Denis, s'exprime. L'homme s'est fait connaitre du grand public, après avoir été interviewé par BFMTV. Il avait expliqué ne pas être au courant "c'était
des terroristes. On m'a demandé de rendre service. On m'a demandé d’héberger
deux personnes pendant deux ou trois jours, j'ai rendu service tout simplement
(...) Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés ?"
Mais cette fois-ci, c'est pour revenir sur son inattendue célébrité que l'homme a pris la plume sur dix-huit pages. Dans cette lettre révélée
par L'Obs, il explique : "Je n'ai pas demandé à être filmé par ce foutu
cameraman. Il m'a entendu dire aux policiers que j'étais le loueur de
l'appartement, il a allumé sa caméra. Si j'avais su ce qu'aurait causé cet interview, je n'aurais jamais parlé". L'homme a été parodié et "des sketchs ont fleuri sur
la toile. Plus de 350.000 personnes se sont inscrites sur Facebook à l'événement
"soirée pyjama chez Jawad, prévu pour janvier 2017", rappelle le
site.
Après avoir été entendu par la police, il a été mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs terroristes criminelle et a admis avoir eu connaissance des intentions des terroristes. "Tous les
mecs de ma rue, hier, ils rigolaient, ils m’ont dit t’es un 'ouf', tu ramènes
des mecs de Belgique (…) Sur le Coran de La Mecque c’est des terroristes, nous
on rigolait, on s’en bat les couilles, moi je les héberge. (…) Les mecs ils
viennent de Belgique, ils me demandent de quel côté on fait la prière, ils me
disent : 'On est fatigué, on veut dormir, on a passé trois jours de fils de pute',
150 euros pour trois jours, pourquoi ils ont pas été à l’hôtel ? (…) Vas-y même
moi j’ai trouvé ça suspect les mecs…", expliquait-il dans un document révélé par Le Monde.
Lors de sa garde à vue qui duré pendant six jours, Jawad
a tenté de se mutiler "d'abord avec les couverts en plastique de son
repas, puis en arrachant le joint du passe-plat de sa cellule", rapporte
L'Obs. Dans sa lettre, il explique n'avoir "à aucun moment", senti "une
ambiance terroriste ou dangereuse dans la location de l'appartement (…) Je suis
conscient d'avoir hébergé les pires assassins que la France n'a jamais connus,
mais à aucun moment je me suis associé je n'ai vu de mes yeux des armes".
Je suis un marchand de sommeil à mes heures perdues
Jawad Bendaoud
Jawad Bedaoud raconte avoir découvert l'identité
d'Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrou, deux terroristes morts lors de l'assaut
de Saint-Denis et qui faisaient parti du commando des terrasses, avec son père
: "Je mangeais des lentilles au bœuf dans le salon avec mon père, à aucun
moment le mot 'Belgique' n'a été évoqué. Il y avait une pancarte de Paris, une
carte avec des dessins d'explosion (…) Je ne savais pas que des Belges avaient
participé à des attentats. Si j'avais su oui, j'aurais pu tilter".
Hasna Aït Boulahcen qui avait prête allégeance à Daesh et qui est décédée lors de l'assaut était venu visiter l'appartement
le lundi 16 novembre. "Elle semblait tranquille, fumait même une cigarette
et lui avait expliqué que ses deux frères étaient à la rue, et prêt à payer 150
euros pour dormir quelques nuits dans l'appartement. Il a cru sa version sur
parole et avait besoin", rapporte L'Obs. Pour se justifier, Jawad Bendaoud
se décrit comme "un marchand de sommeil à mes heures perdues". Il
l'assure, il refuse de devenir "le bouquet missaire (sic) de ce
dossier".
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