Il ne souhaitait "pas en parler à la presse ni même à des avocats". Mais "exceptionnellement", il a raconté sa mésaventure au site clique.tv, mercredi 18 novembre, parce qu'il "trouve qu’il faut assurer notre sécurité mais sans abus. Et c’est bien que la police comme la douane, soient au courant qu’on les surveille aussi et qu’ils doivent être vigilants". Le trompettiste et pianiste Ibrahim Maalouf, lauréat aux Victoires de la musique en 2014, nommé aux César en 2015, Chevalier des Arts et des Lettres, a eu la désagréable surprise d'apprendre qu'il était fiché par Interpol alors qu'il allait prendre un train pour Londres, où il a finalement pu donner le concert prévu mardi 17 novembre.
"J’ai été retenu par la police à la Gare du Nord, explique le musicien de 35 ans. Il était indiqué sur leur ordinateur que mon passeport était signalé 'Interpol positif'. Ils me l’ont confisqué et m’ont interrogé. J’ai raté deux trains supplémentaires et annulé toute la journée de promotion que je devais faire. Puis, j’ai été relâché. J’avais ma carte d’identité sur moi, j’ai donc pu monter dans un train". Mais l'histoire ne s'arrête pas là. "Une fois assis, j’ai été rejoint par trois agents de la Douane qui m’ont demandé de descendre". La raison : "Ils avaient mal pris le fait qu’un article du Parisien, publié quelques minutes plus tôt, relate ma mésaventure en disant que la douane m’avait arrêté, sur la base de ce que j’avais raconté sur mon compte Facebook personnel (...) Le pire, c’est que je n’avais absolument pas écrit le mot 'douane'. Je n’y ai mentionné que la police". Finalement, "ils se sont calmés, et une minute avant que le train ne démarre, ils m’ont laissé partir… J’ai pu arriver juste à l’heure pour le concert qui s’est très bien passé !"
Je reproche à Interpol de faire un peu de zèle
Ibrahim Maalouf
Mais pour quelle raison est-il désormais fiché par l'organisation internationale de police criminelle ? "La police n’en avait aucune idée, répond-il. Pour eux, c’est juste mon passeport qui n’était plus utilisable et par conséquent je ne peux plus l’utiliser pour voyager (...) Je pense qu’il y a, depuis la promulgation de l’état d’urgence (après les événements dramatiques survenus vendredi 13 novembre à Paris et Saint-Denis, ndlr), des procédés qui doivent dépasser les surveillances habituelles. Et là, je ne suis qu’un dommage collatéral insignifiant (...) Je reproche à Interpol (car j’en suis intimement convaincu) de faire un peu de zèle, et de s’engouffrer sur des terrains qui n’ont pas grand sens. Par exemple, mon profil, pour le coup, est assez clair, toute ma vie est sur Internet, ni mes téléphones ni mes ordinateurs ne sont protégés. Donc, s’ils veulent savoir où je suis, quand, ce que je fais… Ils peuvent le faire car je n’ai rien à cacher".
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