Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de l'attentat à Nice revendiqué par Daesh, avait un "intérêt certain et récent pour la mouvance jihadiste radicale". Voilà l'information majeure qui ressort de la conférence de presse du procureur de la République François Molins, tenue lundi 18 juillet soit quatre jours après l'attaque ayant fait au moins 84 morts, selon le dernier bilan provisoire qui fait également état de 74 blessés, 28 personnes en réanimation avec "pronostic vital engagé" pour 19 d'entre elles.
Face à la presse pour communiquer l'avancée de l'enquête, François Molins est donc longuement revenu sur la personnalité de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Si, pour l'instant, aucun élément des investigations "ne démontre une allégeance" à Daesh ou "des liens avec des individus" de l'organisation terroriste, plusieurs indices permettent de comprendre que cet homme s'est rapidement radicalisé.
Cela s'est traduit physiquement, en faisant pousser une barbe qui, selon des propos rapportés par un témoin, avait une "signification" religieuse. Mais la bascule idéologique a également été constatée grâce au contenu de son ordinateur qui regorgeait de recherches "quasi quotidiennes depuis le 1er juillet" sur des sourates du Coran ou sur les récentes actions terroristes d'Orlando, Dallas et Magnanville.
La fouille des disques durs ont permis de trouver des "photographies à caractères très violentes en lien avec l'islam radical" ou montrant des "combattants arborant le drapeau de Daesh". Il est également questions de photos en lien avec Charlie Hebdo, Oussama Ben Laden et Mokhtar Belmokhtar, chef jihadiste du groupe Al-Mourabitoune. Un témoin a également indiqué que le tueur regardait des vidéos de décapitation d'otages. "Je suis habitué", aurait affirmé l'intéressé à ce propos.
Si tout porte à croire que cette radicalisation s'est produite en quelques jours, comme l'ont affirmé Bernard Cazeneuve et Manuel Valls, c'est en partie dû aux témoignages décrivant un homme auparavant "très éloigné des considérations religieuses". "Il ne pratiquait pas le religion musulmane, buvait de l'alcool, consommait de la drogue et avait une vie sexuelle débridée", rapporte François Molins.
Par ailleurs, François Molins a confirmé que cette attaque était préméditée. "C'est un attentat pensé et préparé au moins dans les jours précédant le passage à l'acte", assure-t-il en se basant sur de nombreux repérages effectués par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel sur la Promenade des Anglais. Après avoir pris possession de son camion le 11 juillet auprès d'une société de location contactée le 4 juillet, le tueur s'est rendu à plusieurs reprises sur les lieux du crime entre le 12 et le 14 juillet. À ces occasions, il s'est notamment pris en selfie dans la cabine de son poids lourd.
En outre, des recherches effectuées sur son ordinateur depuis le 1er janvier montrent que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait un certain intérêt pour les festivités à Nice mais aussi pour des vidéos violentes semblables au mode opératoire qu'il a mis en oeuvre au volant de son camion. En effet, le Tunisien de 31 ans cherchait notamment des informations avec les intitulés suivants : "horrible accident mortel", "terrible accident mortel" ou encore "vidéo choc".
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel semblait également avoir besoin d'argent, probablement pour financer son action meurtrière. "Il apparaît qu'il a tenté de contracter un prêt de 5.000 euros le 28 juin, qui a été refusé pour risque d'insolvabilité", précise le procureur qui évoque également la vente d'un véhicule.
Si le représentant de l'État a refusé de s'exprimer dans le détail sur les individus en garde à vue dans le cadre de l'enquête, il a toutefois révélé que l'un d'entre eux apparaît comme étant le destinataire d'un SMS envoyé par le terroriste dans les minutes précédant son passage à l'acte. Dans ce texte, envoyé le 14 juillet à 22h27, Mohamed Lahouij Bouhlel mentionne notamment l'acquisition d'un pistolet qui pourrait celui qui lui a servi à tirer sur les forces de l'ordre avant d'être abattu.
Enfin, un point a également été fait sur l'avancement de l'identification des 84 personnes tuées. "71 victimes décédées ont été formellement identifiées" et "52 permis d'inhumés délivrés", a ainsi indiqué François Molins. "Les premiers corps ont pu être restitués ce [lundi] matin", a ajouté le procureur qui souhaite "éviter tout risque d'erreur pour la restitution des corps".
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