Pendant l'été, l'annonce de la baisse de cinq euros mensuels de l'allocation logement avait provoqué une vive polémique. Emmanuel Macron avait même encouragé les propriétaires à baisser de cinq euros les loyers afin que les effets de cette mesure ne s'en ressentent pas trop sur les locataires les plus démunis. Est-il prêt à aller plus loin ? Car, à en croire plusieurs sources concordantes confirmant une information révélée par L'Opinion, le gouvernement envisagerait de baisser l'aide personnelle au logement (APL) dont bénéficient les locataires du parc HLM français.
Une baisse qui pourrait aller jusqu'à 60 euros par mois, précisent ces sources. L’exécutif devait examiner cette semaine en Conseil des ministres le "plan logement" sur lequel il planche depuis plusieurs semaines, un plan qui pourrait entériner cette piste de travail. Or, cet examen a été reporté à la semaine prochaine, ont également indiqué plusieurs sources, dont le ministère de la Cohésion des territoires.
Selon une source proche du dossier, le gouvernement contraindrait toutefois les organismes HLM à baisser leurs loyers d'une somme équivalente à la baisse des APL projetée, afin que leurs locataires ne soient pas pénalisés. L'Opinion assurait mardi avoir eu accès à une première version des futurs articles du projet de loi de Finances 2018. Ce dernier évoque de son côté une baisse pouvant aller "jusqu'à 50 euros", dans le cadre d'une réduction de 5% des dépenses en matière de logement, soit "deux milliards d'économies" qui "se concentreront principalement" sur les APL.
Baisser cette allocation de deux milliards d'euros, sur les neuf milliards versés par l'Etat aux bailleurs sociaux pour leurs locataires, équivaut à "une baisse de 20%, ce qui est inacceptable", a réagi Frédéric Paul, directeur général de l'Union sociale de l'habitat (USH) qui réunit 723 bailleurs sociaux. "Cela va accroître le taux d'effort des locataires des nouveaux logements et les bailleurs sociaux, qui réalisent 18 milliards d'euros d'investissements annuels pour produire 100.000 logements sociaux, en assurant 200.000 emplois directs dans le BTP, n'auront plus les moyens de construire", a-t-il souligné.
Selon lui, le gouvernement fait preuve d'une "très grande improvisation dans toutes les annonces" qui concernent le secteur du logement social. Lui souhaite "travailler sérieusement" avec les collectivités locales, les administrations de l'État et la Caisse des dépôts. "On ne fait pas marcher tout un secteur de l'économie à la menace" a-t-il poursuivi. "Quand on veut faire un choc d'offre, on ne prend pas le risque de faire chuter la production de logements sociaux".
Le cabinet du Premier ministre n'a pas commencé les informations révélées par le journal L'Opinion. L'entourage d'Édouard Philippe a simplement indiqué que "le gouvernement finalise son plan". Parmi les pistes évoquées par le quotidien, les organismes HLM pourraient, en contrepartie, être "invités à augmenter les surloyers payés par les ménages dont les revenus excèdent de plus de 20% les plafonds de ressources, soit 4% du parc HLM". Ils pourraient aussi bénéficier de conditions de crédit privilégiées, par le biais du livret A, le placement le plus répandu en France, dont les fonds servent essentiellement à financer la construction de logements HLM.
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