Alstom : rassemblement de salariés inquiets pour l'avenir

Une vingtaine de salariés d'Alstom se sont rassemblés dimanche 27 avril devant le siège de l'entreprise à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) pour exprimer leurs craintes sur l'avenir de la branche énergie du groupe, visée par l'américain General Electric (GE) et l'allemand Siemens.

"Il ne faut pas se faire d'illusions"

"Dans tous les cas, il ne faut pas se faire d'illusions, il y aura des décisions douloureuses à subir. Il faudra céder certaines activités et réduire les effectifs", a déclaré à la presse Jean-Loup Olivier, délégué syndical CFE-CGC.

Les salariés ont également dénoncé la manière et la rapidité avec laquelle se négociait le sort de leur entreprise. "Un des fleurons de l'industrie française va partir dans des mains étrangères et cela se fait en catimini", a regretté Nicolas Journaux, technicien au bureau d'études de Levallois. "On a des craintes sur l'emploi en région parisienne et pour l'industrie française dans son ensemble", a-t-il expliqué.

Rencontre avec le PDG de GE reportée

Le PDG de GE était attendu ce dimanche à Paris pour discuter au plus haut niveau d'une éventuelle acquisition. Le gouvernement français a toutefois reporté sine die toute rencontre avec Jeffrey Immelt, après que l'allemand Siemens a annoncé ce dimanche "sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future".

"Ce n'est pas forcément de bon augure pour Alstom", a estimé Olivier. Selon lui, un rachat par Siemens serait "catastrophique" pour les employés d'Alstom, en raison des doublons entre les deux groupes dans de très nombreux domaines. "Un rachat par GE serait un moindre mal par rapport à Siemens qui est directement concurrentiel", a-t-il ajouté.

Rassemblement

La CGT appelle à un rassemblement ce mardi à 08h30 devant le siège d'Alstom Transport à Saint-Ouen (nord de Paris) en marge d'un comité central d'entreprise extraordinaire dédié à un projet de restructuration. Le rassemblement vise à montrer l'inquiétude des salariés, explique Daniel Dreger, représentant CGT, alors que la division Transports est en pleine réorganisation, avec un projet de 180 suppressions de postes.

Si GE ne prend que la branche énergie d'Alstom, "ça va être terrible pour Alstom Transport", estime le syndicaliste en soulignant que la branche fait aujourd'hui partie d'un groupe de 93.000 personnes. Mais "si Power s'en va, on ne sera plus que 24.000. Comme Alstom Transport est en train de vendre 30% de son capital, on ne sait qui s'adosserait à nous dans ce cas de figure. Bombardier? Un chinois?", interroge-t-il.

Discussions de rachat

Un conseil d'administration Alstom Transports est prévu ce lundi à 14h30. GE souhaite acheter les actifs du groupe français dans l'énergie, qui représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La transaction est estimée à quelque 10 milliards d'euros, selon la presse, et les négociations seraient déjà bien avancées. 

Après l'irruption de Siemens dans le dossier, le gouvernement a cependant indiqué vouloir prendre "le temps nécessaire" pour examiner les deux propositions. Alstom emploie quelque 93.000 personnes dans le monde, dont 18.000 en France.