XV de France : "Être emporté sur les impacts, c'est insupportable" selon Saint-André
DÉCRYPTAGE - Le XV de France a terminé le Tournoi des VI nations à la 4e place, et suscite donc beaucoup d'interrogations et d'inquiétudes. Sauf pour le manager.
Le Tournoi de VI nations 2014 s'est achevé samedi, avec une 4e place de l'équipe de France qui ne rassure personne, malgré le léger mieux après la dernière place de la précédente édition. Embarqué pour un mandat de 4 ans jusqu'à la Coupe du monde 2015, Philippe Saint-André a essuyé un feu nourri de critiques acerbes sur sa gestion du groupe et surtout la qualité de jeu jugée trop pauvre du XV de France.
A chaud, le manager des Bleus a livré au journal L’Équipe un bilan mitigé tout en montrant de l'enthousiasme pour la suite et un détachement vis-à-vis des analyses concernant son équipe. Pourtant, et même si la Coupe du monde est dans 18 mois, il n'y a pas grand chose aujourd'hui pour rassurer les suiveurs et l'aficionado du ballon ovale.
L'équipe n'était pas à la maturité qu'on pensait
Philippe Saint-André
Une victoire sans convaincre face à l'Italie, deux succès de rapine contre l'Angleterre et l’Écosse, une fessée à Cardiff et encore une défaite au Stade de France contre l'Irlande, vainqueur de la compétition. Voici donc le bilan du XV de France au terme du Tournoi des VI nations, qu'il aura traversé en déchaînant les critiques de la presse envers son entraîneur, Philippe Saint-André. "Les critiques, c'est plus difficile à vivre pour ma famille", a confessé PSA dans les colonnes de L'Equipe. En ce qui le concerne, elles l'ont "endurci en tant qu'homme". Mais malgré, tout, l'équipe de France ne peut pas se permettre de terminer derrière 3 nations en Europe en faisant l'économie d'un bilan sans concession.
Ainsi, si la défaite face à l'Irlande peut révéler quelques bonnes choses, notamment dans la réaction du pack en fin de rencontre, la déroute au Pays de Galles ne peut pas se soustraire au constat d'échec amer. "Cardiff, c'est vraiment mon pire souvenir", reconnaît d'ailleurs Saint-André. Il assume même le choix de Jean-Marc Doussain, émoussé après un match en club, et qui a été reconduit au Millenium Stadium face aux Diables Rouges.
Le manager regrette aussi de ne pas avoir imposé un entraînement dans l'enceinte fermée la veille du match, où seuls les buteurs et les volontaires ont pris leurs marques. "L'équipe n'était pas à la maturité qu'on pensait", argumente-t-il. Certes, on ne saura jamais si des choix différents auraient produit d'autres conséquences, mais il faut bien avouer, et PSA l'admet, que ça aurait pu influer sur le début de match catastrophique contre les Gallois, qui a tué dans l’œuf toute velléité tricolore.
Les défaites préparent-elles à la Coupe du monde ?
La rencontre de Cardiff est donc clairement la valeur-étalon des mauvaises impressions dégagées par le XV de France, et parmi elles, un manque de révolte relevé par l'entraîneur. "Manquer de grinta, de maîtrise et être emporté sur tous les impacts, c'est insupportable", s'emporte Saint-André. Une domination dans les phases de conquête qui aura aussi été le fil rouge de cette campagne 2014, avec en point d'orgue le naufrage contre l’Écosse durant lequel la mêlée française a pris l'eau. Un problème récurrent qui pose le problème du manque de piliers de niveau international, et la recherche permanente d'un talonneur depuis la retraite de William Servat.
Si les faillites techniques ne sont pas forcément évoquées par l'ancien international, on ne peut pas les occulter. La charnière n'a toujours pas séduit, et a encore changé entre Doussain et Machenaud en 9 ainsi que Plisson et Talès en 10, sans convaincre, mais comment peut-il en être autrement derrière un pack qui recule et une touche peu fiable ? Philippe Saint-André choisit néanmoins de mettre l'accent sur l'esprit qui doit animer les joueurs. Toujours à propos du match à Cardiff, il souligne qu'"être absent quand tu représentes l'équipe de France, son maillot, ton pays, ça ne doit pas exister".
Cet esprit retrouvé face à l'Irlande ne suffit pas. La France a été battue par plus forte qu'elle samedi, par une équipe dont la maîtrise collective résulte de plusieurs années de travail et maturée avec un groupe stable. La France n'en est pas encore à ce stade, et même si le mondial est l'objectif principal, cela veut-il dire qu'il faut sacrifier les Tournois des VI nations ? La France ne l'a pas gagné depuis le Grand Chelem de 2010.
