J'avoue, je ne suis pas amatrice de foot du tout, encore moins spectatrice. Je n'ai suivi aucun match de la Ligue 1 et le grand mercato des joueurs ne me passionne pas vraiment. Mais s'il y a bien une compétition durant laquelle je me sens concernée, c'est celle de la Coupe du Monde. Je me suis toujours retrouvée un moment ou un autre devant un poste de télévision pour encourager l'équipe de France durant cet événement relayé à l'international.
Pour moi le Mondial, c'est la victoire des Bleus en 1998. La fête dans les rues, les drapeaux français dans le ciel, la reconnaissance d'un peuple envers des joueurs soudés (enfin surtout quand l'équipe gagne) et le défilé sur les Champs-Élysées.
La Coupe du Monde de football a ce quelque chose d'inexplicable : elle rassemble les gens et les engage dans un sentiment de fierté nationale qui fait du bien à observer dans une société où les extrêmes n'ont jamais été autant représentés. Cette année pourtant, j'ai laissé tomber mon envie de faire la fête.
Je n'ai même pas cherché à la rattraper à la volée. Comment soutenir un événement dans lequel une partie de la population est menacée en raison de son orientation sexuelle ou de son genre, non conforme à l'hétéronormativité ?
Car en Russie, pays organisateur de la Coupe du Monde 2018, la loi interdit toute "propagande homosexuelle" auprès des personnes mineures depuis 2013. En d'autres termes, l'homosexualité n'est pas interdite mais "la promotion de relation sexuelle non traditionnelle" auprès des plus jeunes, dans l'espace public par exemple, peut être punie d'amende et d'une peine de prison.
Dans une tribune publiée à la fin du mois de mai dans les colonnes du New York Times, Minky Worden, la directrice des Initiatives mondiales de Human Rights Watch, a rappelé que "la FIFA a convenu d'exiger des normes minimales en matière de droits humains de la part des pays candidats à l'organisation de la Coupe du Monde de football, notamment la tolérance zéro en ce qui concerne la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle".
Ces consignes vont-elles être appliquées en Russie ? Rien n'est moins sûr...
Car c'est officiel, les supporters et supportrices LGBTQ+ (lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, trans, queer...) ne pourront pas se rendre en toute tranquillité dans la nation de Vladimir Poutine. "Fare", un groupe de supporters britanniques, a par exemple publié un guide dans lequel il est clairement annoncé aux personnes LGBTQ+ d'être "prudentes dans les endroits où il n'est pas certain qu'ils soient accueillants pour la communauté", a précisé Piara Powar, le directeur de "Fare", rapporte L'Equipe.
Ils disent qu’ils veulent nous traquer et nous poignarder
Joe White, responsable de Pride in Football
Un autre exemple ? Les holligans russes ont prévu de rester fidèles à leur réputation de "voyous" (selon les mots du dictionnaire Larousse) et n'ont pas hésité à le faire savoir aux principales personnes concernées.
Des militants britanniques homosexuels ont ainsi reçu des menaces de mort, envoyées par mails. "Certains messages ne laissent aucune place au doute : ils disent qu’ils veulent nous traquer et nous poignarder", a confié Joe White, responsable de Pride in Football, une association dédiée aux fans de foot LGBTQ+, rapporte le site anglais Pink News. Joe White souligne que la FIFA a cependant "poussé les autorités russes à ouvrir une enquête sur ces menaces".
S'agit-il d'une mesure suffisante dans ce pays où, depuis l'adoption de la loi anti "propagande homosexuelle", les crimes LGBTphobes auraient doublé en Russie, rapporte Reuters. Qu'en sera-t-il de ces chiffres une fois le Mondial terminé ?
Alors qu'une amie me confie se sentir "coupable d'avoir hâte que la compétition commence", de mon côté, malgré cette tradition de la grande fête du Mondial à laquelle j'aime participer, mes convictions et engagements pour la défense des droits des femmes comme des personnes issues de la communauté LGBTQ+ m'empêchent de contribuer à une telle mascarade.
Car si les Russes ne se cachent pas de leur politique anti-LGBTQ+, le vrai problème se trouve peut-être dans l'absence totale de représentation LGBTQ+ dans le football en général. Souvenez-vous de ce qu'avait confié Antoine Griezmann à El Pais : les joueurs homosexuels existent et s'ils restent dans le placard c'est parce qu'ils "peuvent avoir peur d'aller dans les stades et avoir peur des insultes". Les insultes LGBTphobes qui fusent dans les gradins français comme étrangers restent tout aussi problématiques que les menaces des hooligans russes.
Fermer les yeux dessus tout en pointant du doigt nos voisins de l'Est est hypocrite et n'aidera aucun joueur professionnel actuel à faire son coming-out et donc, à visibiliser les LGBTQ+ dans ce sport, où il ne sont qu'une poignée de joueurs à avoir attendu leur retraite pour officialiser leur homosexualité, comme le Français Olivier Rouyer.
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