C'est sans mauvais jeu de mots le feuilleton du jour. Oui, tout le monde serine depuis ce matin d'un même chœur (d'un même cœur?) que, pour rendre sa vie plus belle, TF1 a racheté Plus belle la vie. Pour, bien sûr, diffuser cette fiction sur son antenne. Et pour faire bon poids grosse mesure, y ajouter Les Maternelles. Or, minute papillon. Et histoire d'éviter justement le nouvel effet papillon, il faut procéder par ordre. Imaginer que Plus belle la vie sera sur TF1 (ou TMC, allez savoir), c'est forcément tentant mais c'est un peu voir l'arbre qui cache la forêt, ou plus justement l'immeuble du Mistral qui cache le quartier. La réalité est évidemment plus complexe.
Il y a donc urgence à rembobiner le fil du yoyo pour éviter justement d'embobiner tout le monde. Chapitre 1 : TF1 annonce hier qu'elle est entrée en négociations exclusives avec le groupe Newen pour, je cite, "nouer un partenariat dans le domaine de la production et de la distribution de droits audiovisuels, la chaîne parlant de prendre une participation majoritaire". Comme c'est une obligation légale de prévenir les marchés, elle ne communique pas seulement pour le plaisir de faire savoir qu'elle a du savoir-faire.
Chapitre 2 : Pourquoi s'associer/s'adosser/s'accoupler à Newen ? Parce que cette société de pointe cherchait elle-même depuis des mois un camarade de jeu de poids à qui s'unir. Comme dit l'autre, "qui est bien assorti s'associe". Elle apporte tout de même dans la corbeille un catalogue de quelques 5.000 heures de contenus, avec une moyenne de 1.300 heures de programmes produites chaque année. Auxquelles s'ajoutent grands reportages et enquêtes fournis par Capa drama, autre (solide) branche de Newen.
Et si on veut arrêter de parler comme des analystes en pensant plutôt au public, on précise que Newen, c'est Braquo, Candice Renoir, le jeu Harry, Les Maternelles, etc. Et donc (on y revient) Plus belle la vie, ce feuilleton à qui les spécialistes prédisaient un avenir de quelques semaines, et qui a fêté ses 10 ans d'existence l'an dernier ; heureusement que la production avait prévu un décor en dur, avec des vrais matériaux conçus pour résister, sûrs qu'ils étaient eux de ne pas aller dans le décor !
D'où, chapitre 3, la tentation irrésistible pour les medias d'annoncer ce matin Plus belle la vie bientôt sur l'antenne de TF1. Sinon aujourd'hui, du moins demain. C'est vrai que le contrat de Plus belle la vie avec France 3 n'est pas éternel mais la loi est (à peu près) claire : l'accord de future création commune entre deux sociétés ne prévoit pas (et ne permet pas, en fait) la récupération des émissions existantes par l'une ou l'autre des partenaires. A priori et sauf cas particuliers; on n'en est pas là, même si on reste vigilant.
Autrement dit, les deux parties martèlent que le but et la vocation de la première chaîne d'Europe ne sont pas de conclure un accord pour "absorber" les émissions en cours de diffusion produites par la "société amie". Ça s'appellerait fonctionner en circuit fermé et justement, la une affirme vouloir s'ouvrir. Aller "dans le digital" d'un côté, "dans la production" de l'autre; ce qu'elle appelle fonctionner sur deux pieds. Et assurément pas les 2 pieds dans le même sabot.
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