Des hommes nus tournent en rond, encore et encore. Des hommes de tous âges mais sans âge, à la peau pâle, au regard sombre. Ils sont là et pourtant ailleurs. Indifférents aux infirmiers. Les corps sont dégraissés, les yeux comme évidés. De temps en temps, l'un de ces zombies lève violemment une jambe, un autre tend brusquement un bras. Les membres désarticulés reprennent ensuite leur place, ce qui donne à l'ensemble une impression de "jokari vivant". Vous savez, ce jeu dans lequel une balle, quelle que soit la force avec laquelle vous la lancez, revient toujours au boitier auquel elle est attachée par un élastique.
Qui sont donc ces hommes ? Des rescapés de la Grande guerre, et de la bataille de Verdun. Des rescapés qui, à force d'avoir vécu le pire du pire, sont à peine plus vivants que les morts. Le chirurgien et futur écrivain Georges Duhamel dit même qu'ils le sont moins. La mitraille les a touchés, et plus encore le bruit infernal de cette mitraille. Leurs corps mutilés sont revenus de l'enfer, pas leurs têtes. Cette scène montrant "nos enfants perdus de la Première Guerre mondiale", est la première de Apocalypse Verdun, un documentaire de 90 minutes comportant d'hallucinantes images d'archives, proposé dimanche 21 février à 20h55 sur France 2.
Ce film est suivi d'une édition spéciale assurée par notre amie Marie Drucker depuis Douaumont, puis d'une émission sur nos monuments aux morts, ces sculptures qui hurlent les douleurs des familles françaises. Sous le nom de famille du père tombé au champ d'horreur, figurent ceux de ses fils, souvent de tous ses fils. Et on trahirait ces disparus sinon ne leur consacrait pas quelques lignes, à eux les troufions de 1914 partis à la guerre pour casser du boche et que la guerre a cassés face aux boches. Certains sont absents à eux-même pour avoir reçu l'obus de trop, pour avoir marché sur des étangs de bouillie de cervelles, pour avoir glissé sur trop de camarades. À force de creuser des tranchées, c'est leurs visages qui se sont dramatiquement creusés.
Ils se sont d'abord disputés la nourriture avec les rats, puis les rats leur ont servi de nourriture. On découvre au passage de formidables destins d'hommes et de femmes chopés au détour d'une photo. Nicole Mangin, seule femme-médecin, belle comme un petit matin d'été de 1913, obligée de lutter contre les allemands et contre son propre camp rejetant cette féministe qui se suicidera en 1919. On salue également Jean-de-Navarre, un aviateur auréolé de gloire qui, quand il a fini ses missions, distrait par ses acrobaties aériennes les fantassins des tranchées. Avinés au nom de l'obligation d'oublier pour résister.
Pensez que le 21 février 1916, les Français sont mitraillés durant 10 heures par 1291 canons crachant un million d'obus sur 20 kilomètres de front. Et ce n'est que le début de 10 mois de combats qui vont faire plus de 700.000 victimes. Avec une terre si gorgée de sang et d'os qu'elle finit par ne plus absorber ce désespoir déversoir du monde. C'est le trop plein. De tout. Avec un Pétain qui est alors le seul à leur dire, "Soyez héroïques, mais restez avant tout en vie". Apocalypse Verdun raconte tout ça et plus encore sur nos aïeuls qui étaient fait pour la vie et qui l'ont perdue.
Apocalypse Verdun, dimanche 21 février, à 20h55, sur France 2.
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