Laurent Berger a publié mardi 9 mai une lettre ouverte au nouveau président de la République sur le site du Monde. Il s'agit en réalité d'une mise en garde, à la veille de tensions sociales qui pourraient être déclenchées par la première réforme d'Emmanuel Macron, dans les toutes prochaines semaines. C'est un message très important. Le secrétaire général de la CFDT prévient que son syndicat ne sera "ni un opposant de principe, ni un allié docile". Il exhorte le nouveau chef de l'État à négocier sa réforme avec les syndicats. Il lui rappelle au passage que la grande centrale réformiste qu'est la CFDT a fait ce qu'elle estimait être son devoir durant l'élection, en appelant à voter Macron au second tour face à Le Pen. Une prise de position inhabituelle, qui a valu une volée de critiques à Laurent Berger de la part de son opposition interne.
Laurent Berger est un homme de dialogue. Il dirige le premier syndicat français. Il défend les droits des salariés. Mais il est soucieux de trouver des accords. Il y a d'ailleurs une longue tradition de compromis social dans cette organisation, qui avait commencé lors de la réforme des retraites, en 1995, avec l'un des prédécesseurs de Laurent Berger, Nicole Notat. Si Emmanuel Macron veut éviter de provoquer une explosion sociale, il devra travailler avec lui, et accepter lui aussi un compromis.
Emmanuel Macron veut réformer en profondeur le Code du travail, en permettant à la négociation en entreprise ou dans une branche professionnelle d'adapter le Code du travail : les horaires, l'organisation. C'est une sorte de loi El Khomri étendue qu'il prépare, pour donner de la flexibilité aux entreprises.
Parallèlement, il veut plafonner les indemnités de licenciement. En quelque sorte créer un tarif fixe, en fonction de l'ancienneté du salarié licencié, qui permettrait d'éviter les longues batailles devant les prud'hommes. L'idée, c'est de rendre le coût d'un licenciement peut-être élevé pour l'entreprise, mais prévisible, afin de diminuer la prévention à embaucher.
Laurent Berger redoute une sorte de "bonapartisme social". Il ne le dit pas ainsi, mais c'est ce qui transpire de son texte. Cette formule fait référence à une façon de gouverner seul, avec des ordonnances, en évitant à la fois le Parlement et les syndicats, sur un texte qui aura, outre sa portée propre, une valeur de test. À la fois pour Macron lui-même et pour ses opposants, puisque ce sera la première réforme.
Qu'il la réussisse, et c'est un gage de succès. Qu'il doive reculer devant une forte contestation, et tout son mandat sera entravé. Cette réforme a un enjeu bien plus large que le Code du travail, elle va définir un rapport de forces social. D'où l'importance capitale d'avoir des alliés.
Il va falloir qu'Emmanuel Macron négocie. Et en particulier qu'il donne des contreparties aux salariés. Ce serait quand même paradoxal de court-circuiter le monde syndical sur un tel sujet, juste au moment où la centrale réformiste, la CFDT, est devenue le premier syndicat français, dépassant désormais la CGT en matière de représentativité.
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