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Loi Travail : les casseurs utilisent la "technique du caméléon" pour ne pas se faire repérer

Les débordements continuent en marge des manifestations contre la loi Travail, et rien ne se passe. Comment les casseurs font-ils pour intégrer les cortèges ? Comment passent-ils entre les mailles du filet ?

Des scènes de violences lors de la manifestation contre la loi Travail, le 14 juin à Paris
Crédit : SIPA
Loi Travail : les casseurs utilisent la "technique du caméléon" pour ne pas se faire repérer
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Christophe Ponzio & Loïc Farge
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La manifestation nationale organisée mardi 14 juin contre la Loi travail a été marquée par de violents affrontements entre des casseurs et la police, comme lors des précédents défilés, et des dégâts le long du cortège, d'une ampleur sans précédent à Paris. Des dégradations ont notamment été commises contre l'hôpital Necker-Enfants malades, qui a décidé de porter plainte. Près d'un millier de casseurs étaient présents, selon la police. Pour ne pas se faire repérer, ces individus usent de la "technique du caméléon". Ces jeunes et moins jeunes arrivent au point de rendez-vous d'un peu partout, au compte-goutte, totalement incognito. Ils se mêlent à la foule, l'air de rien, comme des manifestants lambda. Un mode opératoire qui rend quasiment impossible leur identification.

Tout change quand le défilé commence. Au fil des mètres parcourus, ces individus se regroupent en tête de cortège, devant le cordon de sécurité des leaders syndicaux, et face aux forces de l'ordre. En quelques secondes seulement, leurs sacs de matériel sont vidés. Les capuches sont relevées, les cagoules noires, enfilées, tout comme les écharpes et les masques respiratoires. À ce moment-là, plus de confusion possible, il s'agit bien de casseurs. La masse, compacte, passe alors en action.

Les casseurs donnent le tempo

"De ma fenêtre, j'ai vu des jeunes en cagoule avec des sacs à dos. Ils ont des projectiles, comme des bouts de pavé, qu'ils lance pour casser", témoigne Nicole, qui les a vus agir. Tout cela, sous les yeux des policiers et gendarmes, qui n'interviennent pas. C'est une tactique. En pleine action, les casseurs se mélangent à d'autres manifestants, eux pacifiques. pas question de passer à l'action : il y a trop de risques. Les forces de l'ordre redoutent la bavure. Un scénario similaire à celui du site du barrage de Sivens, en 2014, quand le militant écologiste Rémi Fraisse avait été tué par un tir de grenade d'un gendarme.

Du coup, ce sont les casseurs qui donnent le tempo. Les forces de l'ordre ne peuvent pas rendre coup pour coup. Un pavé jeté ou un abribus saccagé ne justifient pas une charge de leur part. Les individus violents ont donc toujours un temps d'avance, puisque eux n'ont pas besoin d'ordre pour lancer les hostilités. Enfin, il faut savoir qu'à Paris tous les matériels de défense ne sont pas autorisés. Par exemple, les lanceurs de grenades lacrymogènes y sont bannis. C'est à la main qu'elles doivent être lancées.
Les forces de l'ordre sont vite débordées, à cours de munitions, déplore Rocco Contento, du syndicat Unité SGP Police. "On a du matériel à disposition, on ne nous autorise pas à l'utiliser. Les collègues n'en sont plus à assurer le maintien de l'ordre mais à défendre leur vie", explique-t-il. C'est comme cela que des canons à eau ont été utilisés en panique mardi. Une première dans la capitale depuis plusieurs années, pour aider les forces de l'ordre en grande difficulté.

Les syndicats ont leurs "gros bras"

Dans ce chaos, les syndicats forment des cordons de sécurité pour éviter l'infiltration des casseurs ? Ces "gros bras" sont, par exemple, des dockers venus du Nord, pour la CGT. Mais ils ne sont réservés qu'au seul carré de tête, c'est-à-dire là où se trouve les leaders syndicaux. Des leaders qui disparaissent du cortège souvent au bout d'une demi-heure. Leurs services d'ordre restent et gardent un œil sur la manifestation. Mais "ils ne contrôlent plus rien" et c'st bien cela le problème, reconnaît un ancien cadre cégétiste.

C'est comme cela que jusqu'à 200 militants de la CGT ont pris part aux violences, selon la préfecture. Sur des extraits de vidéosurveillance, que RTL a pu consulter, on y voit clairement des militants arracher des pavés. Une attitude ambiguë qu'a pu constater Joachim. La vitrine de son magasin d'optique a été totalement détruite au passage des manifestants. "J'en veux à la CGT. Je suis vraiment en colère contre eux. On a l'impression que tout cela était orchestré par eux", peste-t-il. "Déjà il n'y avait pas du tout de service d'ordre. Ils  enfonçaient le clou, ils étaient vraiment contents de ce qui se passait, en nous disant que c'était bien fait pour nous", accuse-t-il.

Un sentiment d'impuissance généralisé, malgré la cinquantaine d'interpellations. Cette faiblesse est exploitée au maximum par les casseurs infiltrés, devenus de vrais professionnels de la guérilla urbaine.

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