Lors du débat télévisé entre les candidats à la présidentielle, on a vu une confirmation qu’il y a deux familles de programmes. Deux familles de pensée radicalement différentes, qui correspondent aux deux grandes options de politique économique. La première, c'est la famille Macron-Fillon, qui développe ce que les économistes appellent "la politique de l’offre". L'offre, c'est ce que produisent les entreprises, les biens et les services qu'elles fabriquent. Il s’agit, pour eux, de rendre ces biens plus compétitifs pour faire qu’ils se vendent mieux, en aidant les entreprises de plusieurs façons.
On abaisse d'abord le coût du travail, pour réduire les coûts de fabrication. On assouplit ensuite le marché du travail, en décentralisant la négociation sociale pour faire qu’une entreprise puisse adapter ses horaires et ses salaires. Et comme on veut diminuer les charges des entreprises, on diminue parallèlement les dépenses de fonctionnement de l'État, qui voit sa part dans l’économie se réduire.
C'est une politique de compétitivité. C'est le mot-clé de la politique de l'offre, qui vise d'abord à aider les entreprises et à relancer la croissance par l'investissement des entreprises. Les partisans de cette option insistent beaucoup sur la concurrence européenne et sur l'environnement extérieur. Ils veulent remettre à niveau la France par rapport à ses concurrents.
Dans l’inspiration, il n'y a pas de différences entre Macron et Fillon. C'est une différence de mesure, mais pas de nature, dans la politique qu'ils proposent. Ils utilisent les mêmes leviers. Mais l'un des pousse à fond (Fillon), au point de proposer un programme qui est irréaliste. L'exemple étant la suppression des 500.000 fonctionnaires ou le passage à 39 heures de la Fonction publique sans augmentation correspondante. L'autre, Macron, les manie avec plus de précaution. Trop, selon ses critiques.
L'autre famille défend un schéma radicalement contraire. Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et (dans une certaine mesure) Marine Le Pen poussent non pas pour améliorer l'offre et soutenir les entreprises, mais pour soutenir la demande. Et cela de deux façons. D'abord en augmentant les revenus des consommateurs. Augmentation des salaires, des minimas sociaux, redistribution massive : voilà le programme de nos deux hommes de gauche et de madame Le Pen, qui ambitionnent de faire tourner la machine plus vite de cette façon.
L'autre moteur qu'ils veulent mettre en route, c'est celui de l'État, avec son investissement, en particulier dans l'industrie, dans les nouvelles technologies, dans la transition écologique. Là encore, il s'agit d'augmenter la demande pour faire travailler davantage les entreprises et, in fine, de créer des emplois nouveaux qui prendront le relais. La "politique de la demande", c'est un tour de manivelle pour faire démarrer la voiture, comme dans les automobiles du début du XXe siècle.
Relancer la demande, cela veut-il dire faire fi des règles budgétaires ? Dans tous les cas, c'est creuser le déficit budgétaire, via les dépenses de l'État. C'est pourquoi les trois partisans de cette option préconisent de s'affranchir des règles de Maastricht, voire, pour Marine Le Pen, de sortir de l'Europe et de l'euro.
Disons que l'offre prend l'environnement international pour une contrainte qu'on ne peut pas changer, qu'il faut respecter, et à quelle il faut s'adapter. Alors que la demande préconise un retournement complet de la logique, au besoin par la France seule, contre son environnement.
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