"Voter pour le Front national pour le premier tour,
c'est faire gagner la gauche au second". Nicolas Sarkozy a mis en garde
les électeurs de l'UMP à deux semaines du premier tour des élections départementales contre
le "FNPS", dans un entretien publié dans Le Figaro.
"Voter pour l'UMP n'a jamais en revanche fait gagner
la gauche. Voter FN, si. La seule
réalité électorale, c'est le 'FNPS'", ajoute-t-il. L'utilisation de
l'expression a été perçue par la majorité comme une nouvelle provocation. Mais
selon Brice Hortefeux, "le Parti socialiste fait monter par sa politique
le Front national (…) En 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, 3 candidats du
Front national ont été élus aux élections européennes. En 2014, sous la présidence
de François Hollande, ils sont 24. Pas besoin de faire de l'exégèse, il suffit
de constater les résultats".
De leurs côtés, les socialistes Thierry Mandon,
Jean-Marie Le Guen et Bruno Le Roux ont critiqué le président de l'UMP. Sur France
2, le secrétaire d'État à la réforme de l'État et à la Simplification, l'a
accusé de proposer "une sorte de retour vers le futur". "Il y a
un vrai sujet de crédibilité de propositions et à mon avis, cela explique l'une
des raisons de la montée du Front national : la faiblesse du programme de
l'UMP, ces propositions qui ne sont, ni plus ni moins, que revenir à une politique qui a échoué", estime-t-il.
Jean-Marie Le Guen, en charge des Relations avec le Parlement, a commenté cette formule : "Je trouve ça assez consternant. Ce sont des
jeux politiciens qui ne veulent rien dire à personne". Dans cette
interview, "pas un mot sur son bilan", "pas une proposition
nouvelle", a-t-il accusé. Bruno le Roux, le chef de file de députés
PS, dénonce, lui, des "platitudes et ringardises" du président de l'UMP.
À l'approche des élections départementales, Nicolas
Sarkozy se pose en premier opposant au gouvernement, renvoyant dos à dos PS et
FN, et réaffirme son credo économique, dénoncé par le PS comme un "coup de
rabot sur notre modèle social".
Nicolas Sarkozy
espère avoir atteint ses deux objectifs et ainsi encouragé les électeurs à
choisir son parti lors des scrutins des 22 et 29 mars. Alors que l'UMP est
devancée dans les sondages, par le Front national au premier tour des
départementales (le PS l'est encore davantage), son président reprend à son
compte le "FNPS", une formule inaugurée par son prédécesseur, Jean-François Copé, en octobre 2013.
En abordant le sujet du "FNPS", "Nicolas
Sarkozy nous refait le coup du RPR des
années 80, qui accusait François Mitterrand d'avoir fait la courte échelle au
FN pour conserver le pouvoir en instillant une dose de proportionnelle, qui avait d'ailleurs permis au Front national de faire une entrée en force à l'Assemblée", analyse Alba Ventura.
Cependant, cette accusation n'a aucun sens aujourd'hui. "On ne peut pas accuser François Hollande d'avoir mis le FN dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Il y était déjà. Ce n'est pas non plus très original de détourner le slogan frontiste "UMPS" en "FNPS" pour dire que le Front national et le Parti socialiste c'est du pareil au même", ajoute-t-elle.
"C'est une confusion totale de pensée entre le UMP
et PS, dont les niveaux de votes communs parfois et même souvent
dépassent les 95%", a réagi Marine Le Pen. La présidente du Front national
considère la phrase de Nicolas Sarkozy comme "un terrible aveu d'échec". "Il n'a pas compris le jeu de mot sur UMPS, il manque probablement d'humour", a-t-elle alors conclu.
Pour le Front national, le "FNPS" n'est pas une
"réalité politique". La présidente du parti revient sur l'élection
législative dans le Doubs où la moitié des électeurs qui avaient voté pour l'UMP au premier tour a ensuite voté pour le Front national au second tour.
"Le FNPS, ce n'est même pas vrai dans les résultats électoraux car objectivement, à part le Doubs qui a été une exception et dont l'UMP a été exclue du second tour par la faiblesse de cette formation politique, peut-être par l'échec même du retour de Nicolas Sarkozy, toutes les partielles qui ont eu lieu depuis 2012 démontrent en réalité que là où le FN est fort, le PS disparaît", a-t-elle déclaré.
Le Premier ministre a décidé de réagir face à la polémique : "Lorsque de toute part on dit que tout se vaut, lorsqu'une
partie de la droite républicaine, elle-même, dit que le FN et le PS, c'est la
même chose, alors on a cette
équation désastreuse : les partis républicains sont égaux à l'extrême droite. Et
donc l'extrême droite est un parti républicain ! Cette équation, là encore, je la
refuse".
Manuel Valls en a profité ainsi pour tacler "une
droite sans inspiration, sans proposition, sans destination pour notre
pays" et expliquer qu'une "partie d'entre elle est en train de faire le
jeu du Front national. Nicolas Sarkozy l'a démontré en effet une fois de plus,
lundi dernier". Selon le Premier ministre, certaines
propositions de l'ancien chef d'État sont les mêmes que celles proposées lors
de la campagne présidentielle de 2007.
Si Nicolas Sarkozy dénonce le "FNPS",
c'est avant tout pour sortir de "l'étau dans lequel Marine Le Pen essaye
de l'enfermer. Il tente de détourner l'attention de son passé et de
remobiliser les électeurs de droite en sa faveur", explique Elizabeth
Martichoux, chef du service politique de RTL.
Autre raison pour laquelle Nicolas Sarkozy a recyclé
l'expression "FNPS" : il tente de faire oublier l'"UMPS",
souvent dénoncé par Marine Le Pen. D'ailleurs, le président de l'UMP souhaite
renommer le parti sans utiliser de sigle pour éviter ce genre de raccourcis.
Selon Alain Duhamel, "Nicolas Sarkozy et Manuel Valls ont besoin l'un de l'autre pour chacun s'imposer dans son camp". À l'approche des élections départementales, plusieurs enjeux s'affrontent pour les deux politiciens. "Nicolas Sarkozy doit s'imposer devant Alain Juppé et François Fillon à l'UMP. De son côté, Manuel Valls a besoin de paraître comme le chef de file au niveau du PS. Mais étant donné le taux élevé d'abstention pour les départementales, il est tout à fait compréhensible que les deux ténors aient besoin de réveiller les électeurs, en choisissant le meilleur adversaire possible", explique l'éditorialiste.
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