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L'Assemblée nationale le 4 juillet 2017
Crédit : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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"C'est ridicule mais malheureusement c'est quelque chose de courant", souffle Catherine Coutelle au sujet des cris de chèvre entendus jeudi à l'Assemblée nationale pendant les débats sur le projet de loi de moralisation de la vie publique. Avec deux anciennes collègues, cette ex-députée socialiste de la deuxième circonscription de la Vienne a fondé en juin dernier l'Association des Anciennes Députées au même titre que l'Association des Anciens Députés qui existe déjà depuis 1978.
"On a une Assemblée plus féminine mais pas plus féministe", constate Catherine Coutelle interrogée par Girls. Il n'y a jamais eu autant de femmes élues à l'Assemblée nationale, et pourtant il reste beaucoup de travail pour faire disparaître le sexisme du Palais Bourbon. "L'Assemblée nationale est une institution qui a été créée par des hommes pour des hommes", explique Catherine Coutelle avant d'ajouter : "Pour les femmes, il s’agit donc de décrypter les codes et de réussir à s’y imposer."
Aujourd'hui l'Association des Anciennes Députées compte "une trentaine de membres", selon sa Présidente. Parmi elles : deux co-fondatrices Marie-Françoise Courgeau, première Questeure à l'Assemblée nationale, et Martine Lignières-Cassou, ancienne députée des Pyrénées-Atlantiques. Toutes savaient qu'elles ne se représenteraient pas en 2017, ou ont été battues lors des dernières législatives. Mais "peuvent également s'inscrire toutes les femmes qui participent aujourd'hui à l'Assemblée nationale", précise Catherine Coutelle.
Les nouvelles députées ont été guidées lors des "journées d'accueil" organisées par l'association au début de la nouvelle législature. Où aller ? Dans quelles commissions s'inscrire ? Les anciennes députées ont pu répondre aux interrogations des nouvelles venues. Une possibilité qui n'était pas offerte du temps des premiers pas de Catherine Coutelle au Palais Bourbon.
"En 2007 j'ai été très bien été accueillie dans la commission économique", explique-t-elle, "mais en 2012 ce n'était pas le cas de certaines de mes collègues". Les autres députés ne les considéraient pas ou ne leur relayaient pas les informations. Catherine Coutelle organise alors des réunions de parole où les femmes échangent sur leur expérience de députée. "L'association est un lieu de parole, on n'ose pas demander conseil à nos collègues hommes", résume-t-elle.
Un des plus gros obstacles pour les députées : parvenir à associer vie de famille et rôle à l'Assemblée. "Les nouvelles députées ont du mal à hiérarchiser, à dire non, elles culpabilisent de ne pas pouvoir tout faire alors que leurs collègues hommes eux réussissent".
Avant d'être députée, Catherine Coutelle a été élue locale, ce qui s'est révélé être un avantage. "Je savais comment faire mais celles qui n’ont jamais été élues se posent des questions", explique-t-elle. D'autant plus que les députées élues cette année sont, pour la majorité, des novices de la politique.
"Le sexisme fonctionne aussi dans l'autre sens", ajoute Catherine Coutelle. La place du conjoint d'une députée n'est pas facile non plus. "On leur demande pourquoi ce ne sont pas eux les députés", soupire-t-elle, "mon mari se faisait interpeller par des gens qui lui demandait 'alors tu fais encore le chauffeur de ta femme ?' ou 'Ah mais c’est toi qui fais les courses ?'”.
Députée de 2007 à 2017, Catherine Coutelle a participé à la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle a notamment travaillé sur un rapport dont les recommandations étaient destinées à être intégrées au règlement intérieur du Palais Bourbon. Mais finalement il "n'y a pas eu assez de temps" pour le faire avant la fin de son mandat en mai 2017.
Aujourd'hui plusieurs recommandations ont néanmoins été mises en place. "Il existe une référente rattachée au déontologue de l'Assemblée à qui il est possible de parler des problèmes de sexisme", se réjouit Catherine Coutelle. Un intranet a également été mis en place pour dénoncer les cas de harcèlement sexuel, à la suite de l'affaire Baupin. "On aimerait améliorer son accessibilité, qu'il y ait un site plus visible pour tous les collaborateurs", explique Catherine Coutelle.
L'ancienne députée souhaite également développer une formation de sensibilisation - facultative - au harcèlement pour tous les collaborateurs.
L'association dispose aujourd'hui "d'un bureau, un ordinateur et d'une petite subvention", elle entrera pleinement en activité à la rentrée.
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