Doté d'une nouvelle charte, le PS poursuit son renouveau et vise 500.000 militants en 2017
Le Parti socialiste se donne des objectifs ambitieux avec une nouvelle charte et une nouvelle réorganisation.
Après le chantier de "l'identité" socialiste, clos par un grand rendez-vous ce samedi 6 décembre à Paris, le Parti socialiste veut poursuivre sa mue en s'attelant à sa réorganisation, qui va de la maison Solférino aux militants, avec l'ambition de devenir un "parti de masse" fort de 500.000 adhérents en 2017.
Nouvelle carte d'identité du PS voulue par Jean-Christophe Cambadélis, la "charte des socialistes pour le progrès humain", saluée par les socialistes ce samedi porte de la Villette "la première étape", "réussie" de "la remise en forme de la maison socialiste", se félicite le premier secrétaire.
C'est un "nouveau programme fondamental" pour le parti, lui permettant de "travailler au renouveau de la France", a-t-il affirmé samedi lors d'une journée consacrée, avec quelques centaines de militants et délégués, à la clôture des "états généraux des socialistes", processus de trois mois qui a abouti à ce texte.
78% des militants
Celui-ci-ci a été approuvée par 78% des militants. Gros bémol: seuls un tiers ont fait le déplacement. "Tout le monde a bien compris que la charte, ce n'était pas un enjeu", a d'ailleurs fustigé Marie-Noëlle Lienemann, membre de l'aile gauche du parti. Elle a déploré à la fois les côtés "lénifiants" du texte - "c'est le monde des bisounours, on est pour la justice et pour l'égalité" - le fait qu'elle n'aborde "absolument pas la méthode de gouvernement" et ses "silences", comme par exemple le mot "nationalisation" qu'elle défendait.
A la demande de l'aile gauche, la direction a retiré le mot "progressisme" (remplacé par "progrès humain"), un terme connoté "Manuel Valls" après son interview à L'Obs en octobre. Ce texte d'orientation politique dans les domaines les plus divers, qui promeut "l'éco-socialisme" et une "alter-Europe", servira à la formation des militants.
Cette étape terminée samedi, la suivante portera sur l'organisation: faire du PS un parti "plus transparent, plus connecté, plus efficace". Transparence, notamment dans le mode de fonctionnement des fédérations mais aussi sur les finances du parti.
Un parti "plus connecté" pour les militants, qui pourront à partir de début 2015, suivre chaque jour sur internet "la minute du PS", diffusée depuis un studio TV spécialement conçu à cet effet au siège du parti. Il s'agira d'exposer la position du PS sur les sujets d'actualité.
"Parti de masse"
Au titre de l"'efficacité", le PS entend d'abord améliorer son système de communication. Mais l'axe fort de ce changement, pour Cambadélis, est d'"ouvrir la maison" et de faire du PS un "parti de masse" de 500.000 militants et de 1 à 1,5 million de sympathisants en 2017. Pour cela, il va changer le mode d'adhésion, aujourd'hui "parcours du combattant", subordonné au bon vouloir de la section et marqué de forts délais d'attente.
Désormais, chaque militant pourra faire adhérer plusieurs personnes. Le prix des cotisations, variable en fonction des revenus, est aussi à l'étude. Le PS compte 150.000 militants, dont seulement 60.000 à 70.000 à jour de cotisation, contre 170.000 fin 2013. "On a 7.000 nouveaux adhérents depuis septembre", se réjouit toutefois Cambadélis.
Ces propositions seront soumises à approbation du bureau national (exécutif) de mardi et du Conseil national (parlement) du 13 décembre. Comment séduire les militants? "En se rénovant, en menant des combats politiques" pour changer "le rapport de force dans la société française" sur différentes thématiques, répond le patron du PS.
Une lettre à Sarkozy
Enfin, fin janvier, le PS planchera sur les "fractures territoriales et l'esquisse du projet pour les départementales et régionales" de mars et fin 2015.
"Début février, nous aurons un PS avec ses fondamentaux, sa modernisation organisationnelle, et son offre programmatique pour les élections", se félicite Cambadélis qui, avec ces initiatives, entend évidemment conforter son emprise sur le PS, à l'approche du congrès de juin. Lui qui n'a été élu, en avril, que par le seul parlement du parti espère bien y être adoubé par les militants.
A l'offensive sur tous les fronts, le premier secrétaire, qui réclame un débat avec le nouveau président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, va lui envoyer une lettre à ce sujet en "début de semaine prochaine". "Je ne vois pas pourquoi il a peur de m'affronter", dit-il.
